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                      M. DE MIRECOURT.                     421

phragme. Est-il rien de plus opposé au caractère flegmati-
que de M. Proudhon et à son attitude impassible dans la
fameuse séance où l'adorateur de la sainte ironie déroula
d'une voix froide les conclusions de sa cruelle dialectique?
   Je trouve dans la biographie de Méry, p. 43, la compa-
raison suivante : « La royauté devenue épicière , au lieu
« d'un sceptre tenait une balance, vendait à faux poids, ten-
« dait la main à l'égoïsme et s'appuyait sur la bourgeoisie,
« ce ballon gonflé de morgue et de sottise qui réservait
« une chute si humiliante à son aéronaute. »
   Qu'est-ce que cela, bon Dieu ! Voici une épicière couron-
née qui tient une balance d'une main, vend a faux poids de
l'autre, tend la troisième main au sieur Égoïsme et en trouve
encore une pour s'appuyer sur un ballon qui crève ! Ici je
réclame le dessin pour comprendre le texte, et M. de Mi-
recourt aurait dû faire illustrer cette phrase immortelle.
   Et voilà l'écrivain qui s'érige en juge de toutes les sommi-
tés littéraires de notre époque ! Voilà l'homme qui annonce
pompeusement une histoire de la littérature contemporaine !
Voilà le critique qui traite les écrits de M. Janin" de papillo-
tage, qui le déclare atteint de paralysie intellectuelle et de
crétinisme de la phrase, qui prononce que MM. Paul Féval et
Eugène Sue n'ont pas de style et que ce dernier manque
d'esprit et de sensibilité véritable, qui dénie même la gram-
maire à M. de Girardin, qui prétend que la prose de M. Du-
mas est vide et fiasque et qu'il n'a d'esprit que celui de
ses collaborateurs , qui n'a pas assez de persiflages pour
les œuvres de MM. Salvandy et Sainte-Beuve, qui trouve
à M. Alphonse Karr de la vulgarité dans le style et une
allure banale dans la pensée , qui appelle la Lucrèce de
M. Ponsard le pastiche du premier rapin venu, qui traite
le même M. Ponsard de moineau, qui veut bien ne pas
nier absolument le mérite littéraire de M, Guizot, et enfin