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422                   M. DE MIRECOURT.

qui daigne accorder à M. de Lamartine du talent, tout en
lui refusant du génie !
   Soyons juste cependant; M. de Mirecourt ne distribue
pas seulement des critiques, il veut bien accorder des
éloges et nous en mettrons quelques-uns sous les yeux du
lecteur, ne fût-ce, comme dit Rabelais, que pour'le faire
entrer en alaigresse d'esperil et en salutaire exercice de la
râtelle.

   DE QUELQUES   APPRÉCIATIONS    LITTÉRAIRES   ET   CULINAIRES   DE

                       M.   DE   MIRECOURT.



    « Victor Hugo est un aigle, Lamartine est un cygne. » Ce ju-
gement, nous l'avons dit, est de M. de Mirecourt. Il suffirait
pour prouver la platitude emphatique de son style. Cette pe-
tite phrase pompeuse, prétentieuse et honteusement usée et
terre à terre, n'est qu'un exemple entre mille des lieux com-
muns dont abondent ces petits livres. Un écolier de rhéto-
rique rejetterait une pareille banalité si elle se présentait sous
sa plume; M. de Mirecourt l'imprime avec la satisfaction
d'un homme heureux d'avoir résumé son opinion en un
rapprochement aussi habilement trouvé; il croit avoir fait
un mot. Au risque de troubler sa jubilation, nous lui fe-
rons remarquer que sa comparaison n'est pas complète ; il
aurait pu lui donner plus de saveur en se souvenant mieux
de l'aigle de Meaux et du cygne de Cambrai et dire : « Vic-
« tor Hugo est Y aigle de Besançon, Lamartine est le cygne
« de Saint-Point. » A ce compte, M. Ponsard serait le
moineau de Fienne et M. Jules Janin la pic de Condrieu, car
M. de Mirecourt veut bien comprendre aussi ces deux écri-
vains dans ses métaphores ornithologiques.
   On se ferait d'ailleurs difficilement une idée de la quan-
tité d'epithètes et d'images par lesquelles M. de Mirecourt