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416 M. DE MIRECOURT, « dit la duchesse ; ce traître seigneur est capable de l'occire « comme il vient de faire a ce pauvre homme! » (tom. 2, p. 290). o On reconnaît là le traînard retardataire de l'école de 1828, qui se trompe d'époque et renouvelle ce langage incroya- blement réjouissant et macaronique qu'on décorait alors du nom de couleur locale. On trouve aussi des pensées d'une profondeur remar- quable : « Andrian des Armoises avait placé le duc de Lor- « raine sous les combles, comme si ce malheureux prince « devait répudier tout autre espoir de délivrance que celui « qui pourrait lui venir directement du ciel. » On se demande quelles auraient été les réflexions de M. de Mirecourt si le farouche Andrian des Armoises avait placé le duc de Lorraine a la cave. M. de Mirecourt n'est pas plus heureux dans la nouvelle contemporaine que dans le roman historique. Il est difficile de trouver dans les millions de nouvelles écloses depuis trente ans une élucubration plus fade et plus terre a terre que le Lieutenant de la Minerve. C'est de l'Emile Souvestre moins le style correct et le sens commun. Qu'on se figure un mari bête et lourd, une femme charmante et un lieute- nant de frégate amoureux. Le mari, comme de juste, in- troduit le lieutenant dans sa maison ; le lieutenant ne peut faire autrement que d'aimer la femme ; la femme répond h cet amour, mais seulement comme une sœur, dit-elle; le lieutenant ne pouvant en obtenir autre chose s'en va paisi- blement et la femme rentre dans sa vie ordinaire et se re- met a écumer son pot au feu en se félicitant de sa vertu. Tel est le sujet de cette Berquinade, thème neuf, on le voit. L'élément comique de rigueur consiste dans l'introduction d'un matelot, vieux requin qui jure par « mille diables, mort- diable ! mille millions de sabords ! mille gaffes ! par les bon-