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410 DE LA DÉCADENCE ROMAINE. substance, et connaissant les moyens d'en tirer tout le parti possible. Ainsi, Héliogabale avait des confiseurs et des lai- tiers, dulciarios et lactarios, qui savaient figurer avec des douceurs et du lait tout ce que pouvaient dresser les struc- tures et les pomarii. Cela est d'autant plus étonnant de la part des dulciarii que le miel fournissait la seule base des préparations sucrées ; mais il est évident que son emploi, excessivement multiple, nous est entièrement inconnu. Le sucre n'était pas absolu- ment ignoré ; cependant, en raison de la rareté, son usage se restreignait à la médecine. Pline le décrit très-exacte- ment : « L'Arabie produit le saccharum, mais celui de l'Inde est le meilleur. C'est un miel qui provient des roseaux, blanc comme de la gomme et fragile sous la dent. » Il fallait que le sucre fût excessivement rare pour ne pas figurer parmi les. produits culinaires antiques. Son existence aurait dû suffire pour autoriser son emploi. En fait de satisfaction gas- tronomique, on ne reculait devant aucune dépense, et les festins, qui ne coûtaient que cent milles sesterces — plus de 20,000 francs — étaient chose ordinaire. On donnait vul- gairement des repas centenaires , ainsi nommés parce qu'ils coûtaient cent mille sesterces, cœnas centenarias a centenis jam sestertiis dicendas. Il faut conclure de la qu'il y avait impossibilité absolue à se procurer du sucre. Très-peu de malades d'ailleurs en faisaient usage, car la pratique aurait bientôt démontré son impuissance absolue. — Lamp. in Heliog., 27. — Plin., xii, 17. — Tertul. apolog., 6. — P. SAINT-OLIVE. ( La suite au prochain numéro ) .