page suivante »
DE LA DÉCADENCE ROMAINE. 405 lintea citrum. On a traduit ce texte par nappe peluchée, et j'ai de la peine a accepter cette explication; car l'incommo- dité d'un semblable tapis me paraît trop manifeste. Je préfère dire : Une nappe garnie de franges, Virgile, dans deux pas- sages différents, parle d) serviettes auxquelles on a enlevé les poils, tonsis mantilia villis. Il n'est pas à présumer qu'il veuille décrire une peluche, soumise ensuite à l'opération du tondage, mais une étoffe qu'on a débarrassée de la frange, naturellement formée par le délaissé de la chaîne et de la trame. On peut voir, dans le Musée des statues antiques, au Louvre, un exemple de ces étoffes à franges, dans la gracieuse statue de Julie, fille d'Auguste, vêtue d'un pal- lium frangé, gausapatum. — Petr. 66-60. —- Hor. sat. n. 8, 63. — Catut. xii, 3. — Mart. vin. 59. — xiv. 138. — Lamp. in Al. Sev. 36. — Treb. Poil, in Gall. 16. — Virg. Georg. iv, 377. — iEneid. i, 706. — Je ne prétends pas cependant nier la fabrication de certaines étoffes velues, et quelques expressions, sans être parfaitement claires, en indiquent l'existence. — Mart. xiv. 147. — Plin. vm. 73. — Les convives ne se servaient pas de couteaux. L'écuyer tranchant, scissor , dont l'office empruntait beaucoup à la science de l'anatomiste, découpait les pièces et les préparait de manière qu'il suffisait de les saisir par le bout des doigts. L'élégance avait inventé certains gestes gracieux et reçus, pour suppléer au manque de fourchette. Les femmes surtout devaient se faire un scrupule de cette petite gymnastique. C'est pour cela qu'Ovide leur recommande, tout en se servant des doigts, de mettre de la grâce dans leurs mouvements. — Ovide, de Art. Am.'u. Malgré la serviette, les convives mangeant avec les mains, et placés sur des lits, de manière à être embarrassés, pou- vaient se tacher très-souvent. On avait donc un vêtement approprié à la circonstance, la synthèse, cœnatoria vesiis,