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358 CORRESPONDANCE INÉDITE Gaspard de Varax se vit enveloppé par des troupes nom- breuses qui de trois points différents vinrent au secours des leurs. Dans celle circonstance critique , Gaspard de Va- rax fit former à son armée un immense carré qui, durant plusieurs heures, arrêta la fougue de l'ennemi, mais il fallut céder au nombre et à la force. Les villes et châteaux qui tenaient pour le duc de Savoie, après la déroute de son ar- mée, se rendirent surlechamp à Sforza qui rendit la liberté à tous ses prisonniers, après avoir préalablement exigé des capitaines savoyards la promesse de ne plus porter les armes contre lui. Ce désastre, qui mit fin à la fois aux espérances et aux entre- prises du duc de Savoie, arriva en avril 1449 dans les plaines de Novare. Pareil désastre, chose singulière, se renouvela quatre siècles après, année pour année et presque jour pour jour dans ces mêmes plaines de Novare (Mars 1849) qui fit perdre à l'infortuné Charles-Albert la couronne de Lom- bardie, objet de son ambition, comme elle avait été celle de son ancêtre, Louis de Savoie, avec cette différence toutefois que le duc Louis fut l'instrument et la cause de sa propre disgrâce, pendant que les revers du roi Charles-Albert furent l'effet de la trahison et de la mauvaise fortune. Quant aux malheureux Milanais, privés désormais d'es- pérance et d'appui, en butte au découragement et à la fa- mine qui était telle, disent les historiens du temps, que le blé se vendait vingt sequins le boisseau et qu'on exposait en vente la viande des animaux les plus immondes, impuissants d'ailleurs à réprimer les excès de la populace qui se tradui- saient par le meurtre et le plus odieux brigandage, ils se résignèrent à céder à l'ascendant de Sforza. On vit alors (ce qui se reproduit invariablement dans les circonstances ana- logues) les républicains les plus ardents ou du moins ceux qui avaient fait le plus grand étalage d'opinions républicaines, tourner le visage au soleil levant et crier les premiers Vive