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DE GUICHENON. 357 remporté quelques succès éphémères, il eut bientôt à se me- surer avec les troupes vénitiennes conduites par l'habile con- dottiere Barthélémy Colleone qui lui fit éprouver une san- glante défaite; l'armée savoyarde fut taillée en pièces, et Compeys, tombé lui-même au pouvoir de l'ennemi, subit pendant un an une étroite captivité, dont il ne se délivra qu'au prix d'une énorme rançon. Cependant Louis qui, con- trairement aux conseils de son père, ne s'était pas mis à la tête des troupes, persévéra une seconde fois dans son in- dolence et confia de nouveau à un gentilhomme bressan, Gaspard de Varax, seigneur de la Palud et de Varambon, le soin de rallier les débris de l'armée et de la conduire de nouveau à l'ennemi. Gaspard de Varax était digne de la confiance de son souverain. Il avait donné des preuves dans mainte circonstance de sa bravoure personnelle et de ses talents militaires. Il fit pour relever le moral de l'armée et les affaires de son maître tout ce que l'on pouvait raisonna- blement attendre d'un chef résolu et expérimenté. Mais le trésor de Savoie était vide ; à défaut de solde, les soldats vendaient ou mettaient en gage leurs chevaux et leurs armes. Louis ne cessait de fatiguer son père de nouvelles demandes d'argent; ce dernier commençait à s'apercevoir de l'inutilité de ses sacrifices. Nonobstant, il lui fit parvenir une nouvelle provision de cinquante mille ducats, qui allèrent sans doute où étaient allés les autres, car le dénùment et la disette ne cessèrent pas de régner dans l'armée. Pour mettre un terme aux désertions qui chaque jour devenaient plus fréquentes, Gaspard de Varax se vit réduit à aborder l'ennemi avant d'avoir achevé les préparatifs et reçu les munitions néces- saires. Il tenta la fortune qui lui fut infidèle. La mêlée fut acharnée et sanglante. D'abord l'aile droite de l'armée de Sforza plia et prit la fuite ; le bruit se répandit à Novare que l'avantage était à l'armée piémontaise, mais bientôt