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CORRESPONDANCE INÉDITE DE GUICHENON. 347 race. Une famille noble et surtout une famille princière n'admettait pas qu'il pût y avoir dissemblance parmi ses membres, de quelque longueur que fût sa lignée. Un nom de famille était un brevet de noblesse , de talent et de bravoure. Guichenon , comme tous ses contemporains , dut sacrifier a ce préjugé. Si, dans son Histoire de la Bresse et du Bugey, cet auteur , entièrement maître de ses apprécia- lions, discute et interprète les faits avec une indépendance complète d'esprit et de volonté, tels qu'ils lui paraissent res- sortir des documents originaux qu'il a compulsés, il ne se montre pas le même dans son Histoire généalogique de Sa- voie. Dans celle composition, estimable sous le rapport de la méthode et de l'érudition, (j'en excepte le style très-inférieur à celui qu'on serait en droit d'attendre d'un contemporain et d'un ami de Vaugelas), dans celte composition, dis-je, on sent presque à chaque page l'effort, la contrainte; l'auteur écrit autant pour louer que pour raconter. L'histoire tourne au panégyrique. La louange qu'il prodigue uniformément, indistinctement à chacun des princes dont il déroule succes- sivement les annales lasse par sa monotonie et sa continuité. Sans doute l'auguste maison de Savoie peul à bon droit s'é- norgueillir d'une longue série de princes illustres qui ont déployé sur la scène du monde, les uns le génie des armes et de la conquête, d'autres le génie des affaires et de la politique, plusieurs le rare assemblage de ces qualités éminentes ; mais en revanche il s'en est trouvé parmi eux dans la personne desquels on a vu s'éclipser le génie traditionnel de celte no- ble et antique race ; nous en pourrions citer plusieurs exem- ples : nous nous bornerons à un seul, parce qu'il est caracté- ristique et qu'il touche à une question aujourd'hui encore pleine d'actualité. Tous ceux qui, sans prévention, se sont occupés de l'histoire de la maison de Savoie, ont reconnu comme un fait d'une