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316 M. DE M1RFX0URT. res biographies débordent d'éloges, aussi se vendent-elles peu. Il faut changer de tactique et lancer un brûlot qui en- flamme l'attention publique. C'est le moment A'empoigner M. de Girardin. A partir de cette date le succès arrive et le biographe commence ses évolutions outrecuidantes. Il dé- bute par cette phrase incroyable : « DIEU A JUGÉ M. DE LAMEN- NAIS, NOUS LE JUGEONS A NOTRE TOUR ! ! ! » plus loin, il se compare a Juvénal, et il se. qualifie d'écrivain courageux, digne , sévère, honnête, vaillant, sans peur, exempt de caprice, de préjugé, de jalousie, de mauvaise foi, de passion, d'envie ; il menace les « mains impures » de les « cingler impitoyable- ment à coups de fouet, » il tutoie M. de Lamennais, il tutoie M. de Musset, il tutoie M. de Lamartine: « Pauvre cygne, « dit-il a ce dernier, une Gorgone échevelée t'a pris entre ses « mains sèches et a pour jamais tordu le cou à ton génie ! » Il interpelle les éditeurs de M. Scribe : « Hola ! Messieurs , « holà ! nous vous arrêtons au collet sur ce grand chemin » de la calomnie. » Il s'échauffe, il se grise de son impor- tance. « Tant pis , s'écrie-t-il, pour ceux qui nous obligent « a leur enseigner la morale et la politesse ! On nous verra « démolir constamment le piédestal de plâtre du mensonge « et le reconstruire en marbre pour y asseoir la vérité ! « Chacun son rôle en ce bas-monde !!! » [Taylor, 34). Tout y passe, les socialistes, « ces faux apôtres, ces sec- taires menteurs ! » les voltairiens, « ces imbéciles ! » et, le croirait-on ? les capucins et les jésuites : « Quand les jésuites « iront trop loin, quand les capucins se rendront coupables « d'envahissement, vous verrez, nos maîtres ! si nous y « allons de main morte, et si nous ménageons les coups de « verges h leurs saintes épaules!!! » Tantôt ce sont des coups de fouet, tantôt des coups de verges, il y a encore le chapitre des coups de pied et des coups d'épée qui est souve- rainement réjouissant. M. deMirecourt arrive a des hauteurs