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288 DE LA DÉCADENCE ROMAINE. donné par le maître devait avoir de nombreux imitateurs. Une fois l'usage adopté, c'était reçu, c'était le bon genre, et il n'y avait plus rien a dire. Il faut l'avouer, nous sommes encore bien éloignés des Romains ; cependant, je ne sais si Fourrier, dans son phalanstère, eût reculé devant les festins d'Héliogabale et leur accompagnement de plaisirs. Pour ce qui est des vingt-deux services, il nous apprend que la fa- culté digestive de l'estomac phalanstérien devait être consi- dérablement augmentée. Quant a Yuti mulieribus, les prin- cipes de l'attraction passionnelle ne laissent aucun doute sur son entière tolérance a cet égard. Ne soyons pas trop fiers de notre moralité relative : souvenons-nous que Fourrier est très-près de nous, qu'il a eu un assez grand nombre d'adeptes, et que nous avons tous écouté les prédications de ses dis- ciples. Si ces derniers, par condescendance pour la faible raison des civilisés , voilaient les principes du maître, celui- ci ne s'était pas caché et montrait, dans ses ouvrages. clai- rement et^crûment le but à ses lecteurs. Conséquent avec son enseignement, il eût probablement donné son approba- tion , non seulement aux faits ci-dessus mentionnés , mais encore aux abominations que je n'oserais pas même relater en latin, et dont les auteurs de la décadence sont empestés à chaque page. Les historiens sont tellement attentifs a rapporter les faits et gestes gastronomiques de leurs principaux personnages , que l'importance , attachée généralement a ce genre d'ex- ploits, ressort- manifestement de leurs récits. En fait de pro- digalités et de folies, rien ne doit nous étonner. Caligula avait un célèbre cheval nommé Incitatus, qu'il aimait beaucoup. Il lui fit construire une écurie de marbre et une auge d'ivoire. Il lui fournit des couvertures de pour- pre, des colliers de pierres précieuses , des esclaves et une maison montée , avec tous les ustensiles nécessaires pour