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                              ARCHÉOLOGIE.                              269
sentiels de l'inscription qui l'accompagnait n'en sont pas moins
formellement garantis par l'accord des trois écrivains que nous
avons cités.
   Nous ne tiendrons donc nul compte de la version toute diffé-
rente du chanoine de Saint-Maurice, Jean Le Lièvre, qui, sans
parler de l'inscription ou la traduisant à sa manière, dit que cet
ancien auditoire ou prétoire des Romains se nommait Pomerium
Pilati (1), comme s'il y avait la moindre analogie entre la si-
gnification des mots qu'il rapproche ainsi les uns des autres. Il
ne faut pas, à notre avis, se prévaloir d'une expression échappée
à un homme qui n'en a pas compris le sens pour tourner la diffi-
culté au lieu de l'aborder en face. Il ne peut, il ne doit être ques-
tion que de la pomme du sceptre de Pilate.
   Cette inscription exprime sous une forme allégorique et bi-
zarre cette tradition populaire : C'est ici le lieu où Pilate a siégé
en qualité de juge. On sait que l'esprit inventif des Légendaires
du moyen âge s'est particulièrement attaché à tous les person-
nages qui s'étaient trouvés mêlés au drame sanglant de la passion
de Notre-Seigneur. Ils les ont tirés les uns après les autres de la
Judée et leur ont fait traverser les mers pour venir dans les
Gaules recevoir le prix de leurs mérites ou le châtiment de leurs
crimes. Il suffit de nommer Joseph d'Arimathie , saint Longin,
saint Lazare, sainte Marthe , sainte Marie-Magdeleine , pour que
l'ont ait présentes à la pensée ces merveilleuses pérégrinations t
acceptées comme articles de foi par une longue suite de géné-
rations.
   Ponce Pilate , le juge inique et prévaricateur, ne devait pas
être oublié. Une tradition fort ancienne, puisqu'elle est consignée
dans la Chronique de saint Adon, archevêque de Vienne au IX e
siècle, nous dit que l'ancien gouverneur de la Judée, convaincu
de nombreuses iniquités, fut condamné à subir un exil perpétuel
dans cette ville. En butte aux traitements les plus cruels, qui lui
étaient infligés par les ordres de l'empereur Caligula, il ne trouva


   (1) Histoire de l'antiquité et saincteté de la Cite de Vienne, par Messire
Jean Le Lièvre, Vienne, 1623, in-8, p. 47