page suivante »
CHRONIQUE LOCALE. Notre ville continue à s'embellir et d'habiles architectes luttent vaillamment à qui laissera un nom plus illustre attaché au mo- nument le plus remarquable et le plus complet. Ce n'est point aux contemporains à décerner ces prix, constatons seulement que notre époque pourra se présenter devant nos petits-neveux aussi fièrement que les siècles les plus favorisés de notre histoire. L'embarcadère du chemin de fer de Paris à Marseille s'achève , la rue Impériale se continue avec activité , la belle flèche de Saint-Nizier a été découverte et débarrassée de ses échaffaudages ce mois-ci, le grand hôtel des Étrangers touche à sa fin, la Ban- que élève ses pierres de taille à la hauteur du premier étage, le palais de la Bourse arrondit ses arceaux et dresse ses niasses po- lychromes dont nous pourrons sous peu apprécier l'élégance et la richesse, enfin les deux pavillons de Bellecour si finement dessinés , si richement sculptés , seront bientôt livrés l'un à la foule des consommateurs et des gourmands, et l'autre à l'armée chargée de maintenir la sécurité et le bon ordre parmi les pro- meneurs de Bellecour. A côté de ces constructions de premier ordre, une immense quantité de maisons particulières sortent de terre et se dressent sur leurs échasses gigantesques ; le grand café Européen de la place Louis - Napoléon , capital social \ ,200,000, se prépare à ouvrir ses portes et le bazar non moins européen de la rue Impériale a fièrement planté sur ses toits des armoiries en papier peint. Un fait plus important pour la ville que l'ouverture prochaine du café Européen avec son orgue et son buffet, c'est l'inauguration de nos fontaines qui, depuis le 18 août font de notre cité autrefois alternativement sèche ou noyée, une ville raisonnablement arrosée , dans laquelle on peut boire à volonté sans qu'il en coûte rien, progrès immense sur le passé. — La fête du quinze août de cette année n'a pas effacé le souve- nir de celles des années précédentes, cependant elle a été signa- lée par des événements sérieux : des régates sur la Saône, une illumination magnifique à Bellecour, le jeu des nouvelles fontai- nes de la place de la Préfecture et des Terreaux et la réouverture du théâtre des Célestins. A propos des Célestins, disons que notre petit théâtre a fait sa toilette et q u e , malgré l'avis contraire de quelques-uns de nos grands journaux , ce bout de toilette ne lui messied p a s , qu'entre : Tout ou rien nous préférons un peu et qu'à tout pren- dre notre seconde scène est encore, et aujourd'hui surtout, une des plus présentables de la Province. Le 1 er septembre grande réouverture du Grand-Théâtre, mais hélas ! notre habile décorateur, celui à qui notre principale scène devait tant de toiles de mérite , Savette a succombé après une longue et douloureuse maladie. Retenu à Lyon par les liens de la famille et de l'amitié, Savette aurait pu briller même à Paris,