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260 CHRONIQUE LOCALE. sachons lui gré d'avoir préféré la vie modeste de province et de nous avoir consacré la richesse et l'habileté de son pinceau ; que son successeur nous permette de penser et de dire que ce sera un héritage difficile à recueillir et que longtemps encore les ha- bitués du Grand-Théâtre regretteront l'artiste éminent que nous avons perdu. Savette est mort le H août, âgé de 51 ans seule- ment. —Une autre perte que nous devons rappeler c'est celle de Pierre- Frédéric Achard, né à Lyon, le 4 novembre 1808, acteur plein de verve et de rondeur et que nous avons si souvent applaudi dans la Famille du Fumiste, Pascal et Chambord, Y Aumônier du régiment et tant d'autres créations auxquelles il avait donné un cachet particulier de franchise et de gaîté. Fils d'un ouvrier en soie, artiste amateur, cabotin, puis enfin un des acteurs les plus aimés de Paris, Achard est mort ce mois-ci, laissant une fortune qu'on dit considérable ; un de ses fils est artiste au Théâtre- Lyrique à Paris ; le talent est comme une fée habile, il peut aussi changer le plomb en or, l'humble veste en habit et la mansarde en riche et élégant salon. — Nous n'entretiendrons pas nos lecteurs des distributions des prix du Lycée, de l'Ecole des Beaux-Arts, de la Martiniere et d'autres solennités toujours imposantes pour les élèves et les parents ; nous terminerons par des nouvelles d'un autre genre et dont les belles lettres font tous les honneurs : un nouveau journal vient de paraître: Y Omnibus Lyonnais; littérature, histoire, voyages, biographies, rédacteur en chef Péladan, éditeur Cajani, cinq centimes le numéro, trois francs par an; le spécimen a paru, le second numéro est annoncé pour le 14 septembre; s'il tient ses promesses, s'il vient pour instruire et moraliser, qu'il soit le bien-venu parmi nous. Le Progrès industriel paraît maintenant deux fois par semaine. — Nous avons reçu de Bruxelles un curieux petit volume in- titulé : Histoire des Régiments nationaux belges pendant les guerres de la Révolution française, par M. Guillaume, officier de l'ordre de Léopold, colonel d'infanterie et directeur du personnel au ministère de la Guerre ; un volume non moins curieux, et inté- ressant un plus grand nombre de lecteurs : Les Vierges mira- culeuses de la Belgique par M. le capitaine de Reume, avec le concours de plusieurs ecclésiastiques et hommes de lettres, et en- fin, de Paris, une brochure d'un de nos compatriotes : Méditation en chemin de fer ou des destinées de la poésie dans ses rapports avec l'industrie, par M. Artliur de Gravillon. Ce dernier ouvrage est une réponse à M. Victor de Laprade qui prétend que l'industrie tue la poésie. M. de Gravillon soutient la thèse contraire avec une conviction, avec une verve et un entrain qui pourront ne pas convertir tous ses lecteurs, niais qui les intéresseront à coup sûr. A. V. Aimé VINGTRINIER, directeur.