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190 LÉGENDE INDIENNE Per tenebras, procul ecce oculis evanuit omne Supplioium, flumenque ardens, spinaeque cruentœ, Fossseque ignivomae, ferroque rigentia saxa ; Diffugêre vagis abrepta cadavera nimbis ; Dùmque levis zepliyrus vivos effundit odores, Inferiùs splendet cœli radiantis imago. Mahabharat XVIII. On a pu voir dans notre traduction française la suite de cette scène imposante -, le discours du dieu Indras au héros qui, par son dévoûment sublime, vient d'affranchir ses frères de leur expiation ; l'essor de toutes ces âmes aux sources du Gange céleste , d'où elles sortent délivrées de l'enveloppe périssable, revêtues de corps éthérés, exemptes de faiblesse et de haine , appelées à jouir dans un parfait accord de la béati- tude suprême. En rapprochant ces deux tableaux qui retracent le ciel et l'en- fer, qui peignent tout l'espoir, toute la terreur de l'homme en présence de l'éternité, on est naturellement porté à les comparer aux images sous lesquelles Homère et Virgile ont peint, à des époques diverses, les mêmes pensées, les mêmes croyances dans la mythologie grecque et romaine. On y retrouve en effet d'un côté les joies célestes, les chants mélodieux, les bosquets cou- ronnés d'une lumière ineffable ; de l'autre, les peines infernales, le fleuve de feu, le rocher de fer, les monstres qui déchirent les corps des criminels.On admire, dans Virgile surtout, les sentiments vivaces gravés au fond des cœurs que la mort retrancha de la terre, les affections de famille, les regrets du passé , les espé- rances de l'avenir. La destinée diverse des bons et des méchants est signalée chez lui par de frappants exemples ; et cependant on ne peut s'empêcher de remarquer dans ses images riantes, ins- pirées par Platon etPindare, et dans ses tableaux déchirants, où domine la verve d'Homère, quelque chose d'incomplet et de terne, un bonheur trop restreint, trop terrestre, un malheur trop arbitraire, trop matériel. À ses justes manque le progrès, à ses coupables, l'amendement. Quel magnifique contraste