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188 LÉGENDE INDIENNE A cette vision si riche et si brillante de la béatitude céleste opposons la peinture austère et saisissante du dévoûment de Yudhisthiras, l'aîné des Panduides, prince juste par excellence, que protège Yamas, dieu de la mort et juge inflexible des hom- mes.Après une guerre lamentable qui amoissonné toute leur race, Yudhisthiras, ses frères et son épouse, dédaignant un trône en- sanglanté , se retirent en humbles pénitents dans les hautes vallées de l'Himalaya, afin d'y purifier leurs âmes et de les pré- parer au ciel. Ils poursuivent longtemps ce pieux voyage ; ils montent, ils montent encore, ils approchent du sommet. Mais, trop faibles de vertu et de foi pour atteindre le but suprême, Dropadi la constante, Bhîmas le fort, Arjunas le sage, Nakulas et Sahadévas les généreux, tombent et meurent ; Yudhisthiras le juste parvient seul à la cime où l'attendent de nouvelles épreuves ; sa vertu en triomphe, il entre dans le ciel. Mais au lieu de trouver ses frères parmi les âmes glorifiées, il n'y aperçoit que ses ennemis, et parmi eux, Duryodlianas, cruel persécuteur de sa famille. Saisi de douleur, il n'a point de repos, il résiste aux consolations des sages, il veut revoir ses frères , quel que soit leur séjour, et les dieux, cédant à sa prière, lui donnent un guide pour descendre en enfer : L'ENFER INDIEN. Nuntius antevolat, sequitur Pandavius héros Horrendum per iter, septum pallentibtis umbris Omnigenûm scelerum, prœceps immane barathrum ; Torpet ubi fetor vitii morbique necisque (1) ; (1) Voici ces premiers vers dans le texte avec le mot à mot : Agratô dêvadûtas tu yayau, rà jâ-câ prsthatas, antè divus nuntius ivit, rex que ponè, Panthânam açubham, durgam, sèvilam pâpakarmabhis ; viam infaustam, gravem, septam malt agenlibus ; Tamasà samvilam, ghôram, kêçaçaivala-çâdvalam ; tenebris apertam., horrendam, crinitis herbis replctam ; Yuktani pà pakrtâni gandhair, mânsa-çônila-kardamam. cinctam vitiornm odoribus, carne sanguine concretam.