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184                   LÉGENDE INDIENNE
   A ces sentences graves et précises se rattachent encore ces
réflexions touchantes sur la brièveté de la vie et l'espoir de
l'éternité :

Vertuntur eeleres hominum noctesque diesque,
Vita caduca fugit, velut igné absumitur unda ;
Gaudemus veniente die, gaudemus abactâ,
Donec aberrantes extréma supervolet hora.

Navibus ut naves occurrunt œquore magno,
Vixque salutata?, vento in contraria tendunt :
Sic sponsis, puerisque, propinquis, divitiisque,
Occursus brevis est, rapit in contraria fatum.

Temporis omnivago fluctu jactata, perennis
Mens viget ; et generis si digna evaserit alti,
Si pietate deos, homines placârit amore,
Lucida, labe carens, patrio volât obvia cœlo.
                                  Ram. I l , ch. 114.

   Le Mahâbhârat, cette immense épopée ou plutôt ce répertoire
épique, Odyssée aux mille incidents, qui vient après le Râ-
mâyan, compléter le cycle guerrier et religieux de l'Inde an-
cienne, n'offre pas l'unité harmonieuse, la majestueuse simpli-
cité du premier poème. Ses chants sont de mérites divers, mais
le même esprit les anime, la même religion les inspire ; et lors-
que, ennoblissant par des souvenirs anciens la lutte des Panduides
et des Kuruides, le chantre Vyâsas ou Sautis évoque les exemples
vénérés de piété, de constance, de générosité, inscrits dans la
mémoire des peuples, rien n'égale l'élan de son génie et la viva-
cité de ses tableaux. Quels délicieux portraits que ceux de
Çakuntala, de Damayanti, de Savitri, types de grâce et de dé-
licatesse , que les admirateurs éclairés de la littérature grec-
que et romaine auraient bien tort de dédaigner ; car ils pour-
raient trouver dans l'amour maternel, dans la fidélité conjugale,
dans l'abnégation héroïque de ces femmes d'une race ignorée,