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fjflà m. CAÃN. La nuit descend sur le désert immense ; Des cieux en deuil les astres sont voilés ; La terreur envahit les sables désolés, Et dans les airs plane un morne silence. A l'abri d'un palmier, solitaire oasis, Où vient se reposer la gazelle altérée, Une femme éploréc Dans ses bras fatigués endort son jeune fils. Près d'elle un autre enfant baisse la tête et pleure... Non loin d'eux, écoutez : des cris, d'horribles cris !. Gain, le meurtrier, a lui de sa demeure Et l'espace frissonne à ses accents maudits. — « Soleil, au sein des flots ensevelis ta tête ! Demain, n'éclaire plus ce monde que je hais ; Livre ton char brûlant à la noire tempête ; Périsse ta splendeur, périssent tes bienfaits ! Pour arracher mon âme aux tourments qu'elle endure, Dans l'abîme éternel qui sous mes pieds mugit, Que ne puis-je en ma chute entraîner la nature ! Je suis maudit. Abel ! Abcl ! ton sang me poursuit donc sans cesse ! Reverrai-je toujours ton front défiguré ? Ne pourrai-je échapper à la voix vengeresse Qui redemande un frère à mon bras égaré !.. Eve pleure à côté de ce corps immobile... Adam, muet d'horreur, du regard me proscrit !.. Je ne suis plus leur fils ! éperdu, sans asile, Je suis maudit. Septembre 1856. 11*