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ESQUISSES POÉTIQUES par Maurice SIMONNET. M. de Balzac se trouva un jour fatigué de la façon frivole dont étaient accueillies, par les critiques, ses œuvres les plus sérieu- ses, et il prononça ce jugement sévère : la critique n'existe plus. Si le grand romancier revenait parmi nous il modifierait sans doute son opinion. La critique s'est transformée de fond en com- ble, mais elle existe plus que jamais, et pour certaines branches de la littérature et des arts , elle a pris des développements ef- frayants ! La peinture et le théâtre surtout sont ses sujets de prédilection. On formerait une immense bibliothèque avec les ouvrages qui se publient sur chaque Salon, et le moindre vaude- ville fait éclore par toute la France des milliers d'articles. A côté de ces ridicules exubérances , il est vrai de dire que la cri- tique sérieuse des œuvres vraiment littéraires est sinon perdue, tout au moins bien amoindrie. Nous sommes bien loin du temps des Examens , des Commentaires et des Scholies. L'ancienne critique discutait les origines du livre , le plan, les détails, le style, les moindres expressions. Aujourd-'hui on juge sur le titre, sur quelques pages feuilletées au hasard, sur le nom de l'auteur. L'opinion du critique ne daigne souvent pas se motiver, elle se formule , elle s'affirme ; elle est parce qu'elle est. Tout au plus quelques écrivains ont-ils conservé l'usage ridicule de lire les ouvrages dont ils rendent compte. On peut citer parmi ces représentants d'un autre âge, MM. Sainte-Beuve et G. Planche. Mais M. Sainte-Beuve, outre l'affadissement continu de sa ma- manière écœurée, s'est voué à de microscopiques études rétros-