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154                                BARTHÉLÉMY COUBBON.
échouer, homme fait, la vertu lui étail si nécessaire, qu'il la pratiquait comme par besoin;
c'était une seconde nature qui le rendait cher à sa famille, respectable à ses amis et invulnérable
aux traits frondeurs de ce siècle.
  11fitses études classiques à FÀrgentière, alors l'une des meilleures maisons d'éducation. Préparé
à l'étude par le meilleur des pères, il montra de bonne heure les dispositions qui décèlent dans
l'élève ce qu'il doit être un jour.
  Vint l'époque difficile de la vocation ; par goût il aurait choisi l'état ecclésiastique, tout l'y poriait :
son éducation, son cœur, ses convictions, la simplicité de son caractère, la droiture d'une âme
calme et limpide. Mais plein de respect pour son père qui le destinait au barreau, il eut Je courage
de faire le sacrifice de ses plus chères aspirations et il partit pour Paris, en 1817, afin d'y suivre les
cours de la Faculté de droit. Ce fut moins par goût que pour obéir à la volonté paternelle, qu'il
s'y appliqua avec toute l'ardeur qu'il mettait dans ses entreprises. Ses succès furent les mêmes à
Paris qu'à l'Argentière. Il obtint, en 1820, son diplôme de bachelier et revint à Saint Etienne,
près de sa famille qu'il chérissait d'un amour sans borne.
  M. Courbon avait consciencieusement étudié le droit et s'était familiarisé avec les nombreux
commentaires des plus illustres jurisconsultes, mais il ne se fit pas illusion; il avait reconnu la
nécessité de joindre la pratique à la théorie. Il ne balança point et se fit clerc dans l'étude de son
père, pensant avec raison qu'un cabinet d'homme d'affaires est la meilleure école où l'on puisse se
former à l'application du droit.
   A la mort de son père, le 23 juillet 18*27, il fut admis, comme son successeur, au nombre des
avoués attachés au Tribunal civil de Saint-Etienne. Depuis cette époque jusqu'à sa mort, il consacra
tous ses soins aux intérêts de ses clients, ne se chargeant que des affaires qui lui paraissaient
justes et laissant le reste aux consciences faciles. Il réalisait ainsi le mot qu'il aimait à citer en
riaut ; ADVOCATUS ET NON LATRO. RES MIRAXDA POPULO. Aussi, M. Courbon n'a-t-il pas laissé à sa
mort une de ces fortunes qui crient au scandale ; en revanche il a légué à ses successeurs une repu
tation intacte et d'honorables exemples. C'est l'éloge que chacun se plaît à lui accorder, après un
si long exercice d'une charge des plus scabreuses et des plus exposées à des censures passionnées et
souvent injustes.
   Dans sa nouvelle position, M. Courbon, sans rien dérober au temps qui appartenait aux affaires,
étudiait avec ardeur la théorie du droit. Et quand ses amis lui conseillaient de se reposer de ses
fatigues intellectuelles, il leur répétait, avec cet air de bonté qui le distinguait si particulièrement,
e s paroles du célèbre jurisconsulte romain : « ETSI ALTERUM PEDEM IN TUMULO HABERËM, SON PIGERET

ALIOU1D ADDISCERE. »

   Malgré cette louable persévérance à étudier les lois, M. Courbon eut le bonheur de surprendre
encore de précieux loisirs qu'il consacrait aux beaux-arts. II cultiva d'abord la musique et la
poésie, ce furent les seuls délassements qu'il se permît jusqu'à l'époque de son mariage; son
cabinet était devenu le rendez-vous de toute la jeunesse intelligente d'alors, charmantes réunions
où chacun apportait son contingent de gaité, de verve et de gracieuses productions. Ainsi, M. Courbon
avait fait revivre cette société philharmonique qui s'était formée à Saint-Etienne, vers le milieu
du XVIII 9 siècle, comme plus tard aussi il s'occupa activement de la société philotechnique.
   Il ne faisait pas seulement ses délices de la littérature et de la musique; sa vaste imagination
 embrassait encore la généralité des sciences qui ennoblissent l'homme. Il avait l'habitude de diffé -
 rents travaux manuels d'arts; l'histoire naturelle lui étail familière,           il cultivait la peinture;
 l'aquarelle étail son genre de prédilection et celui où il obtint le plus de succès. 11 aimait la
 sculpture; son cabinet regorgeait de morceaux assez précieux en ce genre. Sa bibliothèque,
 surtout, était remarquable, non seulement par le nombre des volumes qui la composaient, mais
 encore par le choix des ouvrages et la beauté des reliures! mais dans cette collection il y avait
 ïtne catégorie d'ouvrages? qui nous intéresse plus vivement.