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BARTHÉLÉMY COURBON. 155 Depuis bien des années, M. Courbon s'appliquait à former une bibliothèque des auteurs forésiens. Les Baluze, les du Bouchet, les Chorrier, les du Puy, les Guichenon, les Pianelli de la Valette avaient eu ce goût avant lui ; et comme eux M. le conseiller Coste, son contemporain, était parvenu à recueillir un nombre si prodigieux d'ouvrages sur l'histoire locale, que le chiffre en parait presque fabuleux. Malgré la rareté de ces sortes d'ouvrages, M. Courbon était arrivé, par ses efforts, à réunir sur de vastes tablettes un très-grand nombre d'ouvrages, imprimés et manuscrits, traitant spécialement de l'histoire du Forez, comme ancienne province, et de ce pays, comme département de la Loire. 11 avait aussi recueilli les ouvrages historiques des départements limitrophes, parce qu'il était convaincu que les événements survenus en Lyonnais, en Auvergne, ou ailleurs, n'avaient pas ' manqué de réagir sur le Forez; que les histoires de provinces voisines ont entre elles un enchaî- nement si intime qu'il est impossible de les disjoindre sans les tronquer ; bien plus, que nos anciens comtes de Forez Tétaient aussi du Lyonnais, que Feurs avait été la capitale du territoire Ségusien et que, si le même peuple s'était partagé en deux par la violence de l'invasion romaine, il n'en restait pas moins le même par son origine et par ses communications; que l'histoire du Dauphiné se rattachait à celle du Forez par les Comtes de la seconde raee et par les portions du territoire Viennois, en deçà du Rhône, Maleval, Chavanay, Pélussin, Bourg-Argental, Saint-Sauveur, en un mot tout ce que les dauphins possédaient DANS LE ROYAUME DE FRANCE, qui avaient fait partie de la dot d'Alix de Viennois, fille aînée d'Humbert I» r , épouse de Jean I f i r , comte de Forez ; que celle du Velay et de l'Auvergne tenait à la Ségusie, soit par les anciennes limites (et certes les contestations ont été assez nombreuses à ce sujet), soit parles événements militaires qui se rap- portent à l'invasion anglaise, soit encore par les dissensions religieuses. Quant à l'histoire du Bourbonnais; elle devenait indispensable, depuis que le Forez avait passé au pouvoir de la maison de Bourbon, Tous les mémoires, tous les pamphlets, qui se rapportaient à l'histoire locale, une simple chanson; un rien, pourvu qu'il fût question du pays, étaient recherchés avec soin par M. Courbon ; le nombre de ces ouvrages avait fini par composer de volumineux in-4° et in-S« qui présentaient leurs titres séduisants aux curieux sans cessp attirés chez notre, compatriote ; M. Courbon avait aussi réuni un grand nombre de cartes qui devaient servir à vérifier les anciens confins de la province, ceux des grands fiefs et même les limites de la moindre possession seigneuriale. De nombreux cartons étaient remplis des portraits de nos plus illustres Forésiens, des vues de presque tous les châteaux qui ont été édifiés sur notre sol, des ruines les plus saisissantes des antiques monastères, des églises et des chapelles historiques, et des plus beaux points de vue dont notre pays abonde. Les médailles antiques, les morceaux rares découverts dans ce pays qu'il aimait tant, étaient religieusement recueillis par lui ; mais il n'avouait jamais facilement les énormes sacrifices qu'ils lui coûtaient. Dans cette bibliothèque d'élite, le LIVRE DES COMPOSITIONS DES COMTES DE FOIIEZ dominait tous les autres. C'était le registre où ces grands feudataires avaient soin de faire tianscrire, parleurs notaires, leurs actes les plus notables. 11 était d'une telle importance, que, quoiqu'il en existât deux copies, si nous ne nous trompons, il fut consulté de préférence par MM. Dugné, Gayot, Mercier et Baluze, commissaires départis par Louis XIV, quand ce monarque ordonna la confection des terriers de son domaine, dans les provinces de Lyonnais, Forez et Beaujolais Ce précieux manuscrit, qui porte aux premier et dernier feuillets la signature des commissaires, avait fait partie de la bibliothèque Pianelli de la Valette ; chacun sait comment fut dispersé ce précieux dépôt, après la révolution; mais on ignore comment il passa au pouvoir de M. Rivoire, libraire à Lyon, chez qui M. Courbon le découvrit. Il en comprit sur le champ la valeur el s'en rendit possesseur au prix de 300 f. ( l ) . (1) 31, Coste qui connaissait -ç manuscrit et qui c-u avait offert à peu près celte somme fut