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DES INONDATIONS EN FRANCE. 143 partout où la disposition naturelle des lieux amène les eaux dans les crues), on obtient après chaque crue un dépôt de sable, plus ou moins abondant, qui finit par exhausser les terres basses et froides, qui étaient d'abord marécageuses ; ce dépôt les trans- forme en terrains exhaussés, plus fertiles et souvent propres aux cultures de premier ordre. Du reste, les ségoneaux de la vallée du Bas-Rhône sont un exemple bien frappant de ce fait (1). Il y a plus, l'exhaussement notable de, certaines parties du lit du fleuve, exhaussement qui oblige, s'il existe un système de digues, à exhausser progressivement ces digues, cet exhausse- ment, dis-je, serait beaucoup moins considérable puisque les rivières étant moins encaissées, dès lors moins rapides, charrie- raient moins de matières. Les matières charriées se déposant sur une plus grande étendue en largeur, donneraient moins en hau- teur; puis, les rives s'exhaussant ainsi simultanément avec le fond du lit (peut-être bien plus que le fond du lit) , il n'y aura plus jamais à craindre ces déplorables résultats auxquels on arri- vera tôt ou tard en enfermant le fleuve entre des digues, résultats bien connus de nos jours pour le Pô et d'autres fleuves. Reconnaissons donc combien on évite d'embarras de tout genre en suivant les moyens faciles que nous avons exposés, et qui sont indiqués, quand on fait l'étude des cours d'eau abandonnés à la nature et qu'on les observe attentivement à la suite des crues ordinaires et des grands débordements ; mais si le sol, sur les deux rives, s'exhausse progressivement après chaque petite crue, dans l'étendue qui est laissée libre à l'invasion des grandes eaux ordinaires., on voit que derrière les levées en terres, les terrains qui ne seront envahis qu'à l'époque des grandes inon- dations, recevront alors des digues de terre et de; limon, qui seront d'autant plus considérables que les eaux sont plus chargées pendant ces grandes inondations et que le retrait de ces mêmes eaux se fera plus lentement. • (1) On nomme ségoneaux des espaces compris entre la berge du Rhône et la haute levée qui couvre les terrains étendus derrière cette levée.