Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
138               DES INONDATIONS EN FRANCE.
terrains submergés ; mais alors ils offriront aux eaux un immense
débouché, et par suite ils changeront en une marche lente ,
paisible et bienfaisante, la marche torrentielle et dévastatrice
qu'auraient eue les mêmes eaux resserrées dans un débouché
trop étroit.
   Depuis les plus humbles ruisseaux jusqu'aux torrents dévas-
tateurs , nous avons toujours constaté, pendant vingt ans, les
faits que nous venons de signaler. Du petit au grand la marche
des choses a été la même.
   Deux faits sont venus contribuer puissamment à fixer no-
tre opinion ; appelé dans une commune dévastée par un
torrent pour aviser aux moyens de combattre le fléau , nous
avons appris par l'enquête que ce torrent était un ruisseau
bienfaisant quarante ou cinquante années auparavant ; à cette
époque, la montagne qui lui donne sa source était boisée, au-
jourd'hui un défrichement complet de la forêt a dénudé la mon-
tagne, et il a été reconnu que les dévastations ont été en croissant
avec la dénudation.
   Voici l'autre fait : une vallée, encaissée entre des coteaux
abruptes et peu boisés, livrait passage à une petite rivière qui
était presque un torrent ; un grand propriétaire parvint à reboiser
une partie notable de ces coteaux ; depuis que ce reboisement a
été un peu complet la petite rivière a pris un cours plus régulier,
et ses inondations ont été, dans les vingt dernières années, moins
fortes, moins violentes ; en même temps on a remarqué que les
basses eaux de la rivière étaient moins excessives.
  Nous ne voyons donc, pour amoindrir les effets des inondations,
que trois moyens généraux: 1° Maintenir les terrains boisés,
herbes ou couverts d'une abondante végétation. 2° Des lacs
naturels, aggrandis pour la capacité d'eau qu'ils peuvent contenir
ou des réservoirs artificiels suppléant aux lacs. 3° Un large dé-
bouché sur les deux rives, sauf à garantir les terrains par des
digues en terre qui les mettent à l'abri des crues ordinaires.
   Enfin, outre ces trois moyens généraux, il faut réserver pour •
les villes ou les villages, bâtis en des lieux exposés aux inonda-
tions, les travaux d'art protecteurs, et alors s'attacher à rendre
ces travaux suffisamment protecteurs,