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                     DES INONDATIONS EN FRANCE.                      137
   est utile ; les eaux n'arrivent que lentement dans le sol, et par
   suite elles s'y insinuent dans une plus grande proportion ; elles
  coulent à la surface plus lentement et en moindre abondance,
  elles diminuent les effets des inondations.
     Tel est le premier moyen et,_ suivant nous, le plus puissant,
  car il est plus facile de prévenir une grande affluence d'eau, que
   de maîtriser le débordement qui en résulte.
     Une loi protectrice de la végétation, des primes d'encourage-
  ment sérieuses, nombreuses, offertes aux plantations qui seront
  conservées, étendues ou innovées; ces primes, distribuées chaque
  année, seraient un moyen d'obtenir d'immenses résultats avec
  des dépenses bien moindres que celles de tant de travaux d'art
  emportés par les inondations.
     La part des travaux d'art est assez belle, assez utile : ils doivent
  protéger, soit les villes et les villages qui sont trop exposés aux
  inondations, soit les centres industriels qui ont dû se fixer sur
  les rives de fleuves redoutables.
     Le second moyen d'amoindrir les tristes effets des inondations,
  toujours en retenant les eaux, en les retardant dans leur marche,
  c'est d'offrir un champ vaste aux débordements, sur l'une et
  l'autre rive ; on ne doit pas encaisser le fleuve entre des berges
  artificielles, qn'il faudrait élever d'une manière démesurée pour
  les rendre insubmersibles ; le danger du renversement des digues
  augmente rapidement avec leur élévation, et, à moins de pro-
  longer ces digues insubmersibles dans tout le cours du fleuve,
  jusqu'à la mer, on ne fait qu'accumuler les causes de ruine, car
  les eaux prennent une rapidité croissante en raison de leur ré-
  trécissement ; elles charrient en proportion de cette rapidité, et
  finissent par couvrir des terrains fertiles de graviers et de cailloux,
  qui en font des plages désertes.
     C'est pour éviter ces funestes effets qu'il sera utile de n'établir
  à une petite distance des rives du fleuve que des jetées en terre,
  peu élevées au-dessus des crues ordinaires. On préservera ainsi
• la plus vaste étendue des terrains de ces crues fréquentes ; ce ne
  sera qu'à ces intervalles de plusieurs lustres, qui heureusement
   séparent les époques des grandes inondations, que l'on verra ces