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DE L'ARCHÉOLOGIE. 109 teur et en raison de la culture première des sociétés qui s'en faisaient les interprètes. Faut-il attribuer cette lenteur rela- tive a l'état de ces sociétés encore divisées et manquant de cohésion suffisante, ou bien le principe de cet art ne se prê- tait-il pas assez aux destinées nouvelles auxquelles celles-ci se préparaient et allaient être appelées ? Peut-être ! et a ces causes en joindre une troisième, le fait de l'exercice des arts par les communautés toujours plus esclaves de la tradi- tion que les laïques et moins disposées pour les nouveautés. Le XIIIe siècle arrivait, et avec lui l'esprit d'émancipation des communes, qui prenaient de l'importance en acquérant des richesses ; l'ouvrier et l'artiste laïques se substituèrent aux religieux, et une révolution tout entière se prépara dans l'art. C'était aussi le temps des saint Louis, des saint Bernard, des Suger, des Abeilard, ces grands hommes qui donnaient au pays un lustre nouveau ; les croisades agitaient aussi ces peuples, en les jetant mêlés ensemble vers les rives d'orient, enfin les nationalités se formaient dans l'ouest de l'Europe, et les langues commençaient à se fixer. Dans ce moment un art nouveau se montre tout a coup et fait éclater de toutes parts la forme ancienne comme si elle eût été trop étroite ou hors de mesure avec lui. Plein de sève et de force originale, cet art n'emprunte rien à celui qui précède, ni ses moyens de construction, ni la forme sous laquelle il les enveloppe ; il se montre dès ses premiers pas complet, logique et d'une netteté d'expression incomparable ; bientôt il domine partout, et nous l'avons depuis appelé l'art gothique. Dès qu'il paraît il semble déjà avoir toute sa maturité et la possession complète de l'idée qu'il renferme ; pour lui l'enfance a été presque nulle par un phénomène particulier et sans exemple peut-être dans le domaine des conquêtes de l'homme. A rigoureusement parler, le roman et le byzantin n'ont pas