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10j                   DE L'ARCHÉOLOGIE.

   Oui, de nos jours il s'est rencontré des hommes pleins de
dévoûment et d'ardeur qui ont reconnu que les monuments
du moyen âge ne pouvaient être le fait de barbares, mais
qu'ils étaient le résultat de théories complètes en matière
d'art, si complètes que je ne sache rien de plus difficile que
de les copier. Ces hommes dévoués ont, depuis vingt-cinq
ans surtout, étudié le moyen âge dans tous les sens; un peu
d'engouement s'en est mêlé, et il faut dire a l'honneur de
la province, que c'est elle qui, dans notre pays, a le plus fait
pour la réhabilitation des siècles qui ont succédé à la déca-
dence de l'empire romain.
   Tout le monde a pris part à ce mouvement ; les historiens
ont cherché dans les chroniques, les artistes dans les trésors
de sculpture de nos vieilles cathédales, les numismates dans
les médailles, les monnaies et les sceaux; enfin les archéo-
logues ont formulé les lois et la science a été fondée. Tout
ce mouvement du reste provoqué, et c'est là son côté le
plus sérieux, par un retour marqué vers les idées religieuses,
sans lesquelles une nation s'avilit bientôt dans le matéria-
lisme, entraina le public en masse, même ce public qui pa-
raissait étranger aux études des temps passés, il l'entraîna,
dis-je, vers des publications nombreuses qui surgirent de
toutes parts. Du moment où il y eut d'un côté des écrivains
et des artistes convaincus et habiles et de l'autre des lecteurs
assidus et attentifs, la cause était gagnée, aussi l'archéologie
a-t-elle, dans ces dernières années, fait des progrès immenses
et il n'est pas possible de nier l'influence considérable que
ces idées répandues partout ont aujourd'hui sur la masse
des intelligences.
   J'ai dit que des hommes ardents et dévoués ont commencé
cette nouvelle croisade en faveur du moyen âge. Il est im-
possible, en effet, de ne pas être fortement ému lorsqu'on
étudie sérieusement les puissants ressorts auxquels l'art de