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68                   PROMENADE DANS ROME

 nage, nous allâmes vénérer les reliques de la Scala santa ,
 e'est-a-dire, les escaliers qui furent gravis par le Christ aux
 jours d'Hérode et de Pilate. Avec une multitude immense
 de chrétiens, comme nous venus de tous les points du globe,
 nous pûmes nous prosterner devant la couronne d'épines,
les clous, les verges qui servirent au supplice de notre ré-
 dempteur. Du haut d'une tribune richement ornée, aux sons
argentins d'une clochette agitée par un moine , un évêque,
revêtu de ses ornements pontificaux, exposait successivement
 a la vénération publique chacun de ces pieux objets.De temps
a autre la foule chantait des hymnes, puis se taisait pour faire
entendre bientôt après la voix prolongée et sourde de ses
gémissements et de ses prières. Je ne connais pas de peuple
moins sujet au respect humain que le peuple italien. Quelle
que soit sa vie privée ou publique, il s'entretient avec la di-
vinité plus familièrement qu'avec un de ses princes ; les
saints, la Vierge et le Christ sont en quelque sorte les mem-
bres d'une féodalité puissante et protectrice dont il attend
tout et sur l'heure. Le peuple italien est naïf et sincère dans
sa foi, malgré les flagrantes contradictions de sa conduite
Hommes nés sous un climat moins favorisé du ciel, plus
calmes, plus logiques dans nos actes, jugeons-le avec im-
partialité, faisons la part de la spontanéité, apanage d'un sang-
plus bouillant et d'un esprit plus poétique. Songeons que Dieu,
le père commun de tous les hommes, écoute avec la même
tendresse l'humble et inintelligible prière du pauvre qui l'in-
voque dans une langue qu'il ne comprend pas, tout aussi
bien que le cantique ou l'hymne triomphale du poète.
   De la Scala santa, accompagné par un jeune prêtre français
des plus complaisants et des plus instruits, nous descendîmes
dans les catacombes de sainte Agnès. En pénétrant dans le
ténébreux labyrinthe de ces longs et étroits corridors qui
s'entrecroisent, se perdent à l'infini dans les ténèbres, et