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                          JEAN PALERNE,                            59
le poinct de suyvre, et sauter comme eux, vint une grosse va-
gue par dessus le rocher, qui submergea tous ceux qui avoyent
sauté. La mesme vague fut celle , qui nous osta le moyen de
sauter : car elle esloigna nostre barque dudict rocher , et enfin
l'envoya dans le port, où elle alla du tout à fonds. Et d'autant qu'il
n'estoit guieres profond, et que les ondes n'y battoyent qu'un peu,
nous sautasmes à l'eauë , et gaignasmes terre le mieux que nous
peusmes : aprez avoir veu misérablement submerger partie de
nostre compagnie. Ce fut le Lundy vingt-troisiesme dudict mois
de Septembre, que ce malheur second nous arriva : et le qua-
triesme jour de notre navigation depuis Jaffe. Là je perdi en-
cores un' autre fois tout mon équipage, et beaucoup de petites
gentillesses, que j'avoye acheté au Caire. »

   Un chrétien de Zibello lui donne l'hospitalité ; il gagne enfin
Tripoli, examine la ville avec une attention curieuse, il parcourt
les collines du Liban, puis visite les Maronites, et de Tripoli, où
il était resté environ un mois il part pour Damas avec quelques
gentilshommes allemands. La description qu'il donne de cette
ville est encore ressemblante, s'il faut en juger par celle qu'en
a faite M. de Lamartine. Damas employait alors une quantité
considérable d'ouvriers en soie, et ses armes damasquinées
n'étaient pas moins célèbres dans l'univers que ses étoffes. Pa-
lerne qui n'a pas le sentiment de la nature très-développé est
saisi cependant par la beauté du spectacle qu'offre la vallée de
Damas. Avant de quitter ce délicieux séjour, il assiste au départ
de la caravane de la Mecke, composée d'une multitude innom-
brable de pèlerins et de chameaux. A Damas il laisse ses com-
pagnons de voyage et regagne Tripoli à pied, les courriers du
Sultan ayant jugé à propos de lui enlever sa' monture qui était
à leur convenance. Le lb Janvier, il s'embarque sur un navire
vénitien la Graterolle qui faisait voile pour Chypre. 11 nous
donne sur cette île des détails qui devaient être fort intéressants
pour le commerce du temps et q u i , aujourd'hui même , ne
sont pus inutiles, au point de vue de l'histoire économique.
Enfin, le 21 Février 1582, après avoir séjourné trente-cinq