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448 LA SUAV10LA. sionnable et mobile les perspectives idéales de ce bonheur dont il avait savouré les ineffables prémices lors de sa ren- contre avec Stella. Il s'achemina donc tout de suite vers le carrefour de la ilfarfone, se disant que chaque pas qu'il allait faire le rappro- cherait de la jeune fille. Le sentier qu'il suivait était suspendu au flanc des bancs de rochers qui se succèdent dans ces parages, e! il eut d'abord à marcher avec beaucoup de précaution pour ne pas glisser sur les escarpements de cet étroit passage. Mais après quelques heures de marche , il parvint en un endroit où le chemin descend doucement vers un sol uni, et s'avance ensuite dons une sorte de vallée supérieure au bout de laquelle se trouve la roche de ia Madone. Lorsque Etienne y arriva, il fut frappé du tableau qui s'offrit a lui A sa droite le roc figurait effectivement, d.uis des propor- tions fantastiques, une femme debout, lenant un enfant dans ses bras. A sa gauche et en face de lui se déroulait, dans un horizon infini, cette immense chaîne des Alpes qui se pro- longe en ondulalions décroissantes jusqu'aux vastes plaines de l'Italie. Le soleil se couchait. Ses derniers rayons, mêlés d'ombre, commençaient à répandre sur les objets les teinlcs indécises et mystérieuses du soir. La mélancolique beauté de ce spectacle, l'influence de l'heure, l'aiteale de Stella, loul impressionnait à la fois l'âme «simonie et religieuse du jeune homme. Aussi, cédant à un irrésistible élan d'admiration cl de prière, il se mit à chanter un cantique allemand que lui avait appris l'abbé Bertrand. La musique en était très-simple, mais d'une largeur et d'un sentiment incomparables. Elle s'adaptait d'ailleurs parfai- tement a des paroles qui en complétaient l'effet, el dont voici le sens :