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446 LA SUAVIOLA. blanches ou carnées, dont les pétales, barbus à la base, ont le limbe dé- coupé en filets. « En quel affreux langage ces gens-là parlent des fleurs, celte charmante parure delà création! Nous les aimons, nous, eux leur donnent des noms harbarcs; nous les admirons, eux les dissèquent. El si les fleurs pouvaient parler, je suis persuade qu'elles exprimeraient plus de reconnaissance pour le cœur qui les aime el les admire, que pour la science qui les baptise et les décrit. « 11 est inutile, du reste, de rappeler ici les classes et les familles aux- quelles appartiennent, dans notre système, à nous , les plantes que je te demande. Tu n'as rien oublié de cela, n'est-ce pas? C'c.-t moi qui te l'ai .'appris et je serais heureux de retrouver en toi les mêmes goûts, lorsque j'irai te joindre. Dieu veuille que ce soit bientôt !... Adieu. •« L'abbé BERTRAND. » Le cœur naïf du bon abbé se montrait, tout entier dans ces deux lettres, si affectueusement diffuses et négligées* Etienne, dont le caractère faible se laissait toujours abattre par les épreuves, s'abandonna d'abord au désespoir en appre- nant la mort de Mademoiselle de la Fare. Mais en relisant les douces paroles qui lui annonçaient cet événement, il sentit bientôt sa douleur se résigner sous la salutaire influence de l'exemple et des exhortations du chapelain. Son afficlion n'éclata plus en transports désolés, et prit le calme et ineffa- çable caractère de la tristesse reconnaissante et du regret pieux. D'ailleurs le bon abbé, en lui exprimant le désir et l'espoir de se rapprocher de lui, ajouta une puissante consolation à celles que ses sentiments religieux avaient répandues dans ses leltres. Vlil. Plusieurs jours s'écoulèrent sans que Stella fît parvenir aucun avertissement \ Etienne, et il s'affligeait de ce silence.