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346                    L'AGER G0FIACENS1S.

sous la règle de Saint-Benoît (1) ; le plus souvent la fra-
gilitédelaviehumaineetle regret de ses fautes ont touché
le donateur,et il comble le monastère de ses bienfaits en
vue de sa sépulture ou pour le salut de son âme et celle
de ses proches. D'autres fois sa générosité ne sera mo-
tivée que par un souvenir pieux : ce sera parce que son
père repose dans l'église de Saint-Pierre de Mornant ou
parce que lui-même a vu son mariage béni dans le même
sanctuaire (2). Mais c'est surtout aux approches de l'an
1000 que les donations deviennent nombreuses : la
croyance à la fin du monde est universelle parmi les
masses; aussi quand vient ce moment solennel et redouté,
le repentir pénètre-t-il les âmes les plus rebelles et cha-
cun croit-il assurer le salut de son âme en se dépouillant
des biens de ce monde qui lui deviendront inutiles de-
main.
   Le monastère est, à cette époque, le refuge toujours
ouvert à ceux qui veulent se soustraire aux orages de
la vie réelle. Les austérités, la prière, le renoncement à
la volonté et aux plaisirs des sens, tout ce qui constitue
la vie de sacrifices, ne semblent qu'un attrait de plus
pour ces hommes aux fortes croyances. Le mobile sur-
humain qui les anime est exprimé parfois avec un sen-
timent qui vous pénètre et qu'il est difficile de faire pas-
ser dans notre langue. Voici le début d'une charte de
l'an 970 : « Ego7 Radulfus, cogitans casus fragilitatis
« humanœ, et cupiens suscipere jugum Dei suave, ideirco


 (1) Sav. ch. 418, 550.
 [i) Sav. ch. 365, 713. — Ami. 1000 et 1030.