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         VOYAGE A ROME EN 1868


                           Civita-Vecchia, le 15 mars 1868.


        Mon cher monsieur Vingtrinier,

    Vous devez croire que j'ai totalement oublié la Revue du
Lyonnais et la bienveillante hospitalité que mes petits articles
trouvent dans ses colonnes. La présente vous prouvera le
contraire.
    Mais depuis un an, j'ai été tellement ballotté de rivage en
rivage qu'il m'a été impossible, un peu de paresse aidant,
de rédiger aucune des cinq Nouvelles que je porte partout
avec moi, comme le Juif-Errant ses cinq sous... J'aimerais
mieux les cinq sous.
    Écrire!... J'avais vraiment d'autres chats à fouetter.
D'abord, a Saint-Cbamas, petit coin fiévreux sur l'étang de
Berre, j'ai dû apprendre à fabriquer la poudre — que'je n'ai
pas inventée, hélas !... ni moi ni tant d'autres... — Puis est
venue la confection des cartouches Chassepot, engin char-.
mant pour lequel on emploie du fin papier, de la gaze de
soie, du fil de lin, du cordonnet, de la tresse blanche, de la
cire vierge — tout comme pour une robe de mariée. De là,
on m'a envoyé a Toulon, et j'étudiais la construction d'une
salle d'artifice, quand l'expédition d'Italie m'a englobé et jeté
a Rome le soir de l'expédition de Mentana. Le 2 décembre,
j'ai dû revenir 'a Civita-Vecchia, d'où je vous écris, et où je