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ESSAI SUR LE LIVRE DE JOB, 237 saient (1) ; 2° que le millénarisme était surtout l'opinion des juifs convertis qui, en devenant chrétiens, ne cessaient point de caresser l'idée d'un règne temporel exercé par le Messie, et que c'est précisé- ment cette origine judaïque qui contribua à discréditer le, milléna- risme ; 3° qu'à la fm du IVe siècle, le millénarisme était à peu près abandonné, et qu'il ne conserve plus, depuis longtemps, d'autres partisans que les juifs. Encore si M. Moglia s'en tenait au millénarisme des premiers siècles ; mais, en le rééditant, il l'embellit et l'augmente de beaucoup quand il nous apprend que le Christ reviendra avant l'âge millénaire pour fonder le cinquième et dernier empire, s'asseoir sur le trône de David et établir sonrègne temporel, en qualitéde roide toute li te^re. Jusque- là nous avions cru, avec les plus savants docteurs, que ce cinquième empire, si magnifiquement prédit par Daniel, était tout simplement celui de l'Église dont J.-C. est le chef, empire qui embrasse déjà l'univers, nous étions dans l'erreur. Mais, ce qu'il y a de plus singu- lier dans l'hypothèse de M. Moglia, c'est que rien ne sera plus humble, dans le principe du moins, que ce règne temporel du Christ. D'abord, le fils de l'homme sera inaperçu dans son propre domaine ; puis, peu à peu il obtiendra la première place dans la magistrature, puis il se révélera aux tribus de Juda et de Benjamin, ce qui amènera leur con- version. Enfin, voici le Christ devenu souverain. Une première fois, il vaincra les armées de Gog, mais vaincu, à son tour, par l'Antéchrist, il sera obligé de s'enfuir auprès de son père, d'où il reviendra subite- ment pour se venger de ses ennemis de la manière la plus éclatante. Ajoutons que toute cette histoire est dans les prophéties. Discuter l'inconvenance de cette hypothèse serait chose superflue,qu'il nous suffise de poser à M. Moglia les trois questions suivantes. Mais si le Christ doit revenir dans le monde à la sourdine et pour ainsi dire en tapinois, que devient cet oracle du fds de Dieu lui-même : « Si l'on vous dit : Voilà que le Christ est ici ou là , ne le croyez point... car, de même que l'éclair part de l'orient et se fait voir à l'occident, ainsi sera l'avènement du fils de l'homme ; » et cet autre, proféré par les anges au moment de l'Ascension : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là les yeux fixés au ciel ? Ce Jésus que vous venez de voir porté vers le ciel reviendra de la même manière que vous l'avez vu monter? » Mais si le Christ, vaincu en personne par ses ennemis, est (1) Jjistini. Dialog. p. 306, fidit. Paris, 1615.