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         LETTRE A PROPOS DE L'ÉGLISE DE SAINT-JEAN                    475
    Les réflexions qui vous sont suggérées par la vue de ce remar-
quable édifice, sordidement livré aux injures du temps et à toutes
les trivialités humaines, sont pleines d'à-propos et de vérité.
    Mais si l'on ne peut qu'applaudir, Monsieur, au noble senti-
ment qui vous porte à flétrir comme ils le méritent, les honteux
empiétements que vous signalez et les disparates choquantes
sous lesquelles semble s'éteindre la belle architecture de notre
église primatiale, on ne saurait néanmoins accepter qu'avec ré-
serve les modifications importantes que vous proposez, soit dans
certaines parties de l'édifice qui vous paraissent défectueuses,
soit dans l'ensemble de sa décoration tant intérieure qu'ex-
térieure.
    Pour mieux discuter d'ailleurs l'opportunité de toutes ces ré-
formes, je ferai abstraction de mon jugement particulier et je me
 contenterai d'invoquer une autorité que vous ne récuserez pas, je
 l'espère, celle du Comité des arts et monuments qui, à l'égard
 des restaurations monumentales, a formulé si nettement sa doc-
 trine, quand il dit : « Il vaut toujours mieux consolider que
 restaurer, et mieux restaurer qu'embellir. » Or, il me semble,
 Monsieur, que vous vous écartez quelquefois, dans le cours de
vos projets, de cette ligne de conduite, si sagement tracée, et
 que vous sacrifiez trop facilement à vos inspirations personnelles
 ce que l'on doit le plus respecter dans un monument : le carac-
 tère authentique de sa structure primitive.
   Ce dont je m'étonne d'abord, c'est de vous entendre exprimer
le regret que la tour de gauche (transept nord), ait été grossière-
ment achevée sur un dessin diffèrent de celui de la tour de droite :
il ne pouvait en être autrement, puisque la construction qui est
l'objet de votre critique remonte au XIII e siècle, tandis que celle
que vous préférez date seulement du XVe. Il n'était donc guère


la seconde moitié du XIII e siècle, tandis que le clocher méridional est du
XVe. Espérons que les événements ne viendront plus détourner le cours
naturel des richesses du pays et que le Gouvernement pourra nous aider
à rendre notre métropole digne de la primatiale des Gaules.
                                                              A. V.