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DE hX DÉCADENCE ROMAINE. 459 qu'il fut originaire de l'Inde. La flotte du roi Salomon, qui allait trafiquer à Tarse, en Cilicie, rapportait des paons avec de l'or, de l'argent et de l'ivoire. On en vit aussi paraître, a Rome, dans des temps très-reculés. Ils n'y étaient alors es- timés que pour leur magnifique plumage, et prœter pennas nil in pavone placebat. — Ov. fast. vi, 177. —Lib. reg. m. 10, 22. — Paralip. H. 9, 21. — Hortensius, l'orateur, contemporain de Cicéron , fut le premier qui imagina de servir un paon dans uu repas sacer- dotal. Hortensius, le roi de la mode de son époque, a été un de ces hommes qui, par leur exemple, contribuèrent le plus à précipiter Rome au fond des ordures de la décadence. Il avait des mœurs douces, un esprit agréable et du talent dans l'art oratoire ; mais le luxe, ainsi que cela a toujours lieu, oblitéra ses bonnes qualités naturelles-. La conscience fut effacée par le désir de l'ostentation : il défendit Verres, ce personnage qui avait si bien su faire ses affaires, et reçut du spoliateur de la Sicile un sphynx très-précieux, en airain de Corinthe. Cicéron le lui reprocha très-spirituellement. Hortensius , prétendant ne pas comprendre ce que voulait dire son adversaire, celui-ci répondit : « Vous devriez ce- pendant deviner facilement toutes les énigmes, car vous avez le sphynx a votre disposition. » Une loi sompluaire ayant été proposée contre l'exagération de la dépense dans les repas, elle fut vivement et rationnellement combattue par le défenseur de Verres. Il colorait les excès gastronomiques des noms de magnificence et de noblesse, dignes de la puis- sance de Rome. Les platanes, étant devenus des arbres à la mode, Hortensius affectait d'avoir un soin particulier des siens et il les arrosait avec du vin. Il mettait le plus grand sérieux à composer sa toilette ; personne ne savait atta- cher sa ceinture aussi gracieusement que lui, et les plis de sa toge ne résultaient pas du hasard, mais de l'art. Un