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DE LA DÉCADENCE ROMAINE. 397 Apicius et Nomentanus usaient des mêmes voluptés : voyez-les, rassemblant les richesses de la terre et des mers, et contemplant sur leur table les animaux apportés de tous les coins de l'univers ; voyez les se soulever de dessus leur lit de roses, è suggestu rosœ , et jeter un coup d'œil sur le produit de leur cuisine. Ils charment leurs oreilles par la musique, leurs yeux par des spectacles et leur palais par la délicatesse des mets. Tout leur corps est chatouillé par de molles et agréables frictions , et pour que l'odorat lui-même ait sa part de plaisir, on parfume ce lieu où l'on célèbre ainsi, en l'honneur des jouissances matérielles, un lugubre sacri- fice. Néron, dans la Maison dorée , domo aurea , avait des tri- clinia disposés de telle sorte que l'on enlevait des tablettes d'ivoire mobiles du plafond, et par leur ouverture on répan- dait sur les convives des fleurs et des parfums. Gallien, natus abdomini et voluptatibus, garnissait de roses sa chambre a coucher. Carin, un de ses successeurs , employait les roses de Milan, et pour sa chambre et pour sontriclinium. Lorsqu'on prodiguait les roses et les parfums, cum régnât rosa , cum madent capilli, on choisissait principalement le moment où l'ivresse s'emparait des convives. Potare et spargere flores, la boisson et les fleurs s'accompagnaient mutuellement, et l'on prétendait que l'odeur de la rose ne donnait jamais mal à la tête. Celui qui surpassa tous ses rivaux, dans ce culte de Flore, fut Héliogabale. On répandait une si grande quan- tité de violettes et d'autres fleurs dans les salles , où man- geaient ses invités, que ceux-ci se trouvaient comme noyés, et plusieurs mouraient asphyxiés. On confectionnait encore les couronnes avec le myrte, l'ache , la violette , le bluet, le genêt, les feuilles de lierre et de trèfle, etc., pour fournir a ces exigences de la mode , la floriculture avait su mettre à son service, même la saison