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386 DK LA DÉCADENCE ROMAINE, ciseaux et d'autres choses de ce genre, accompagnées de devises obscures et ambiguës. Dans les repas, il exposait en vente des lots d'une valeur très-inégale et des tableaux tour- nés 'a l'envers , en sorte que la bonne ou mauvaise chance frustrait ou remplissait l'espérance des acheteurs. Les con- vives faisaient mutuellement entre eux vente ou échange de leurs lots, et se communiquaient leurs divers accidents de fortune. 1 n'y avait, dans cette habitude d'Auguste, rien que 1 de très-conforme à sa haute puissance, rien qui sentît l'étran- geté et la prodigalité. Le neveu de César, parvenu a l'empire, montrait de la dignité dans sa conduite ; ses amusements même devaient être entourés d'un certain bon goût, qui chez ses successeurs fut remplacé par le faste et le désir d'étaler de plus en plus un luxe insolent et nourri d'excentricités. Lucius Vérus , gendre de Marc-Aurèle et associé a l'em- pire, fut un type d'élégance, un bellus homo de la décadence. Le musée des antiques, au Louvre, est très-riche en bustes et statues de ce célèbre viveur et, en les examinant, on re- connaît parfaitement le portrait tracé par son historien : « Il était très-bien fait et d'un visage agréable. Sa barbe , qu'il portait un peu longue, à la manière des barbares, et sa che- velure, tombant presque sur ses sourcils, lui donnaient un air imposant. Il avait tellement soin de ses cheveux blonds, qu'il faisait répandre dessus de la poudre d'or, afin d'en augmenter l'éclat. » Sa chevelure et même sa barbe , artistement bou- clées , indiquent un homme qui avait le plus grand soin de l'extérieur de sa personne. On parla beaucoup a Rome d'un repas où il avait invité douze convives. Il donna à chacun d'eux les jeunes et beaux esclaves qui les servaient, des structures, — artistes chargés de dresser un service — et des plats. 11 leur livra, vivants, des oiseaux ou autres ani- maux , tant apprivoisés que sauvages, dont les espèces avaient constitué le menu du festin ; des coupes murrhines