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                        DE GUICHENON.                        354

 part Alexandrie et Novare, se'détachèrent de la métropole et
 voulurent se gouverner à leur manière, soit en se constituant
 en républiques indépendantes, soit en se plaçant sous l'auto-
 rité d'un prince étranger. Les uns voulaient le roi de France
 pour maître, d'autres lui préféraient son fils le dauphin Louis.
 Le duc de Savoie avait ses partisans, les Vénitiens, le mar-
quis de Monferrat, le duc d'Orléans avaient les leurs ; le
 trouble et l'anarchie étaient partout. Ce n'était là cependant
qu'une partie des embarras qui paralysaient l'activité des ca-
pitaines et défenseurs de la liberté. Les hommes que la poli-
 tique ombrageuse et cruelle de Philippe Visconli avait jetés
en exil, et dont les biens, soumis à la confiscation, avaient été
vendus, rentraient d'autorité dans leurs héritages, après en
avoir chassé ou tué les acquéreurs. Le meurtre devenait si
fréquent, qu'il n'y avait plus de sécurité pour personne, situa-
tion qui se produit invariablement dans un état, lorsque le
système politique qui maintenait chaque chose à sa place a
cessé d'exister cl qu'on est en quête de nouvelles théories,
de nouveaux principes de gouvernement. Cependant les ate-
liers étaient vides ; les artisans encombraient sans relâche la
place publique, demandant à grands cris que le gouvernement
donnât satisfaction au peuple pour les misères du passé, as-
surance et garantie de bien-être pour l'avenir. Comment s'y
prendre pour donner satisfaction 5 celte multitude et apaiser
ses clameurs menaçantes? Les ateliers nationaux n'avaient
pas encore été inventés ; ils l'eussent été, que le défaut d'ar-
gent dans les caisses du trésor n'aurait pas permis d'em-
ployer cet expédient. Grandes étaient donc les inquiétudes
des capitaines et défenseurs de la liberté. Après de longues
délibérations ils arrêtèrent : que la ville de Milan étant à ja-
mais affranchie de la tyrannie el deslinée à vivre perpétuel-
lement en liberté, il était opportun de démolir la citadelle
qui la dominait, monument d'oppression qui ne pouvait dé-