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LITTÉRATURE. 323 n'est pas si savant; et, d'ailleurs, il ne cède pas sa Vénus à un Adonis. Après La Fontaine, l'abbé Lemonnier a dit : Quoi, mignon, il te faut une mignone ? Thrason, qui veut injurier et punir un audacieux , ne se serait point borné aune réprimande aussi douce. Enfin, M. Desforges., dont M. Nisard a adopté la traduction, a dit fort plaisamment : « Voyez-vous ce lapin qui vient chasser sur mes terres ?» C'est ainsi que parlerait un caporal de zouaves. Mais , pour Thrason, lepus n'est pas un lapin , c'est, par un double sens, un lièvre, un efféminé. Pulpamentum, par un autre double sens, lui représente sa belle courtisane et la nourriture de l'athlète. Il dit ainsi, en termes plus ou moins couverts, à son indigne rival : « Tu es un lièvre, va brouter et ne touche pas « au mets d'un homme de guerre. » II. Horace adresse à un auteur dramatique ces deux vers de son Art poétique (154 et 155). Si plausoris eges aulaea munentis, et usque Sessuri donec cantor vos pi audit e dicat... Le Père Jouvency voit dans aulaea la toile tendue perpendicu- lairement entre l'acteur et le spectateur. Il rappelle que, de nos jours, la toile, fixée au faîte du théâtre, remonte de bas en haut à l'ouverture de la scène, et redescend de haut en bas à la fin du spectacle, tandis qu'à Rome le mouvement était inverse. La toile était attachée au parquet ; une machine la remontait de bas en haut après le dernier applaudissement que le hérault avait de- mandé au public. Cette explication donnée, le Père Jouvency considère le spectateur dans la seule attente de la fin du drame, qui serait signalée d'abord parla toile replacée et ensuite par l'ap- parition du hérault. Il attribue ainsi à Horace une redondance fort irrégulière; mais il cédait à l'autorité de Dacier, de Marolles et d'autres écrivains dont le commentaire, français ou latin, fai- sait A'uulaea d'immenses toiles qui cachaient la scène avant et après