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DE LA DÉCADENCE ROMAINE. 283 l'usage de la matella, ainsi qu'une multitude d'autres saletés étaient parfaitement portés dans le monde élégant ; l'habi- tude faisait loi, et l'on applaudissait l'accomplissement, sui- vant le code de la mode, des actes les plus dégoûtants : laudare parafas Si bene ructavit, si rectum minxit arnicas, Si trulla inverso crepitum dédit aurea fundo. Puisqu'il était reçu de bene ructare, je comprends l'inten- tion de Claude de rendre un décret qui eût mis au rang des choses permises le flalum crepitumque venlris, et je ne vois pas trop pourquoi on lui en fit un scrupule. On a expliqué de diverses manières le dernier vers : si trulla, etc. Je le commente par ce passage de l'histoire d'Héliogable : venlris onus auro excipit, ou par l'épigramme de Martial contre Bassa : Ventris onus misera, nec te pudet, excipis auro. La délicatesse des commentateurs s'arrête devant certaines limites : ils n'ont pas pensé qu'ils foulaient un terrain rempli d'ordures, et que s'ils voulaient y marcher, il fallait accepter l'inconvénient de la mauvaise odeur. Juvénal, en parlant du convive qui ructavit et minxit, procède par un crescendo et aboutit nécessairement à la dernière des abominations. On m'objectera, il est vrai, que Trimaleion sort de la salle a manger, cum ad lasanum surrexit ; mais Pétrone était un délicat, qui reculait probablement devant certains progrès. Il passait pour un débauché et un conteur de bon goût, et l'on a dit de lui : auctor purissimœ impuritalis. Quoi qu'il en soit, la matella ostensiblement employée entrait dans les habitudes de la bonne compagnie.Un certainPrsetoriusPaullus, se trouvant dans un repas et portant à son doigt un anneau, sur lequel était gravée la tête de Tibère, alors régnant, de- manda sa matellam. Un des convives, célèbre délateur de ce temps, prit l'assemblée à témoin que Paullus avait manqué