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                   CHANT DU BRIGAND,
                                            BALLADE.

   Nuit profonde dans l'épaisseur d'une foret. Incendie dans le lointain.

Camarades, la nuit est noire,                     Remplissons ces coupes vermeilles,
Buvons en paix à notre gloire !                   Epuisons ces nobles bouteilles,
Le chevalier du grand chemin                      Que cinquante ans du vieux château
Sait verser le sang et le vin.                    Tint captives le noir caveau.
Jetez nous un regard d'envie,                     0 nuit d'indulgences pleinières,
Saints patrons qui veillez sur nous !             Où, saints Frères de la Merci,
Qui mène plus joyeuse vie                         Nous tirâmes ces prisonnières
De nos compagnons ou de vous?                     Des mains du sommelier transi !


C'est pour nous que des forêts sombres            Le marché pécha par la forme
Le printemps épaissit les ombres ;                Et le prix ne fut pas énorme ;
Il couvre d'un voile adorant                      Mus la bonne action vaut bien
Le sommeil du hardi brigand.                      Qu'on passe un peu sur le moyen !
Si parfois les pas d'une belle                    Si le châtelain, âme dure,
S'égarent sous les dômes frais,                   Nous opposa quelques rigueurs
La biche est moins timide qu'elle,                Il sut bientôt qu'a ma ceinture
Mais plus tôt échappe à nos traits !              Je porte, moi, la clé des cœurs !


Sitôt que viennent-les ténèbres,                  Tope là ! qu'un bel incendie
Sitôt que, sous leurs plis funèbres,              Eclaire gaîment une orgie !
Le jour éteignant son flambeau                    Entends-tu l'ouragan joyeux
Fait du monde un vaste tombeau,                   Nous répondre parmi les feus ?
Le monde est à nous I c'est notre heure l         11 roule et porte aux vastes nues
C'est aussi celle des démons.                     Et les flammes et nos chansons !
L'homme se ferme en sa demeure,                   Vois-tu ces femmes éperdues,
La nôtre s'ouvre et nous régnons !                Quels hurlements! ..Amis, trinquons

    Octobre 1856.                                                                 .17*