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LES INONDATIONS EN FRANCE. 209 position des rives d'un fleuve, qu'il ne reste qu'à aider la nature, ou, pour ainsi dire, à ne pas entraver la marche des choses par des travaux entrepris sans prudence, et qui pourraient amener des périls dans les grandes eaux. Afin de mettre une limite aux inondations ordinaires et de circonscrire le terrain qui aurait à souffrir pour les récoltes par suite de trop fréquentes inondations, on établira, à une certaine distance, des digues longitudinales qui, étant loin des courants, n'ont rien à craindre même à l'époque des grandes inondations. On peut donc faire des digues avec la terre prise au pied de la digue et relevée par derrière, c'est à dire avec des frais bien minimes. Les crues ordinaires ainsi circonscrites, on aura des terrains qui pendant ces crues souffriront pour leurs récoltes ; mais après chaque petite crue ils auront reçu une large compensation par les dépôts de sable, de terreau ; le sol sera ainsi amendé et fortifié. A chaque crue, les bas-fonds, les points marécageux, seront comblés, sans le moindre travail de main d'homme, par la simple action des eaux ; cette première partie des deux rives , étant exhaussée en même temps que le fond du lit, s'exhausse parfois lui-même. On n'a plus à redouter ces anomalies d'un fleuve qui chemine tout menaçant sur une ligne de faîte, à plusieurs mètres au-dessus des plaines les plus riches, qui s'avance à chaque inon- dation en menaçant des désastres des plus grands les riches cultures qu'il traverse. CHAPITRE III. Il me reste à parler des terrains situés derrière ces digues. Le changement de niveau du fond du lit du cours d'eau, au lieu de devenir une affaire menaçante, ne sera plus, pour ainsi dire, qu'un objet de curiosité, une question spéculative. La différence relative du niveau des rives avec le niveau du fond du lit sera maintenue sinon augmentée , et les dangers de l'avenir n'iront pas en croissant, comme il en est advenu 14