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DE LA DÉCADENCE ROMAINE. 193 plus où s'arrêter, et qui chaque jour inventa de nouveaux raffinements, déjà la prise de Syracuse avait éveillé quelques idées; mais ce fut l'Asie qui fit l'éducation de Lucullus. Celui-ci devint, à son tour, un modèle pour les grands de Rome. Sur la fin de la république, un cuisinier était déjà devenu un personnage important, et ce qui n'était qu'un office bas et servile fut élevé à la dignité de l'art. — TIT.LIV. XXXIX, 6. — Plus tard un cuisinier coûta la dépense d'un triomphe, et un poisson valait autant qu'un cuisinier.— PLIN. IX, 31 — le luxe avait engendré l'amour désordonné des jouissances purement matérielles, et le culte de l'estomac devint la principale religion des descendants deRomulus. C'est au point de vue de la science, dans l'art de manger et du luxe des accessoires, que je veux spécialement envisager les progrès de la décadence romaine ; je tâcherai de faire voir que nous sommes encore bien petits, en comparaison des imitateurs de Lucullus. Cependant nous marchons dans une voie pleine de dangers, et qui pourrait nous conduire a cette civilisation, que j'appellerai pourrie. Les idées de 1848 nous menaçaient de l'invasion de la grossièreté et de la barbarie ; mais il y a eu réaction, et malheureusement les réactions étant violentes, nous dépassons la limite et nous tombons dans l'excès opposé. Auguste, depuis son élévation à l'empire, montre une certaine dignité dans sa conduite publique et privée. Octave et Auguste sont deux hommes différents. C'est Octave qui joue un rôle dans le repas impie des douze dieux ;— SUET. in. Aug. 70 — mais Auguste est très-sobre dans sa nourriture, et boit même très-peu de vin. — SUET. id. 76 et 77 — Tibère se renferme dans l'ile de Caprée; Suétone soulève le voile, et nous montre quelques unes des monstrueuses invenlions du fils de Livie. Caligula se fait adorer, décrète un culte en son honneur, et menace Jupiter de l'exil. Claude a pour femmes 13