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                          BIBLIOGRAPHIE.                         165
qui contient un pléonasme de première classe, et celui-ci :
         Comme un fragment sacré de sa splendeur infinie,
qui ferait excuser les vers de treize pieds s'ils n'étaient pros-
crits par la prosodie. Prions le aussi d'éviter avec soin l'ombre
des ormeaux et l'insecte de la Chine, que Delille a bien usés et
les filles d'Eve qui commencent à tomber dans le domaine des
Delille de nos jours. Nous n'osons presque pas citer lefiersoldai
et le cygne de Cambrai.
   Si nous reprochons minutieusement à M. Simonnet ces insi-
gnifiantes négligences de détail, c'est afin de lui prouver que
nous avons soigneusement étudié son livre et que nous pouvons
en parler en toute conscience. Ces détails ne sont rien ; un coup
d'épaule fera tomber le reste de ces défroques universitaires que
nous avons tous eu tant de peine à secouer entièrement. Nous
l'avons dit, d'ailleurs, la forme de M. Simonnet est irréprocha-
blement belle quand il entre dans les sujets modernes et jeunes.
Ah ! la jeunesse ! quel écho, quelles espérances sa voix éveille
dans nos cœurs ! M. Simonnet nous comprendra, lui qui a dit :
         Aux amis inconnus nous bûmes ce soir là.

   A qui s'adresse le poète dans ce vers profond où respirent la
fraternité et l'espoir? n'est-ce pas aux jeunes cœurs, aux jeunes
enthousiasmes semés çà et là sur toute la surface de la France
intellectuelle, inconnus les uns des autres, mais rêvant en
silence et tressaillant lorsque la voix de l'un d'eux passe sur leur
tête comme un appel isolé qui cherche un écho dans les âmes?
N'est-ce pas la génération présente que convoque ce toast univer-
sel ? N'est-ce pas à nous, jeunes gens, troublés et incertains de nos
voies, ne voulant pas nous traîner servilement dans celles de nos
devanciers et ne sachant pas encore où sont les nôtres ?
   L'heure crépusculaire a sonné pour les œuvres de nos pères:
quand viendra l'heure de l'aube nouvelle ? On ne saurait en
douter, la poésie et la littérature cherchent les voies de l'avenir;
elles sont là hésitantes entre l'ombre et la lumière, comme le
Musulman, éveillé avant le jour, attend en silence les premières
lueurs du matin pour saluer sa cité sainte. De quel côté sera