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160 BIBLIOGRAPHIE. à fait les bras. Quelle critique est possible, par exemple , pour certaines élucubrations telles que les romans de M. X. de Mon- tépin ? Voilà un écrivain que les lecteurs sérieux ne connaissent pas, mais dont les romans pullulent dans les cabinets de lecture ; la bibliothèque à vingt sous imprime en ce moment quelques- uns de ses ouvrages à dix-mille exemplaires. Je laisse de côté la question de moralité de ces informes mélanges écrits en argot de lupanar , mais ce que je déplore c'est que l'on répande ainsi parmi les masses assez intelligentes pour aimer à lire, mais trop peu éclairées pour juger leurs lectures , des livres dont rien ne peut rendre l'ignorance absolue et l'absence de toute espèce de forme littéraire, jointes à des prétentions d'une outrecuidance inconcevable. M. Paul de Kock est un classique à côté de ces fades et nauséabonds délayages. Ils échappent à la critique parce qu'ils sont au-dessous d'elle, autant vaudrait faire un exa- men littéraire du Messager boiteux ou du Secrétaire des amants. N'cst-il pas regrettable de voir la librairie populariser ces racon- tages insipides qui sont le nec plus ultra, la dernière vertèbre de la mauvaise queue de la littérature marchande-romancière ? Au milieu de ces efforts suprêmes de la spéculation pour gal- vaniser un genre qui se meurt, Dieu merci ! on aime à se reposer de temps à autre sur un volume honnête d'où s'exhale discrète- ment un parfum de calme , de modestie et de bon goût. Si la critique est excusable de rendre compte par le télégraphe élec- trique des ouvrages qui lui arrivent par le train express, on ne saurait lui pardonner de juger avec légèreté une œuvre cons- ciencieuse, élaborée avec soin dans le recueillement et livrée à la publicité sans réclames ni fanfares. Telles sont les conditions honorables dans lesquelles se présentent les Esquisses poétiques de M. Maurice Simonnet. Ces Esquisses sont un recueil de poésies lyriques, genre très- favorable aux poètes en ce qu'il ne demande pas l'attention soutenue qu'il est presque impossible au lecteur d'accorder aux poèmes de longue haleine. Le dicton pas trop n'en faut semble avoir été fait surtout pour les vers quelque beaux qu'ils puissent être, et la forme lyrique, par ses cadres courts et la variété de