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DE L'ARCHÉOLOGIE. lii Rome, plus pénétrée que partout ailleurs de l'élément anti- que, même en Sicile et en Espagne où il est venu se mêler avec l'art arabe et le modifier, il faut l'étudier surtout en France, puis en Angleterre et en Allemagne. L'art gothique ou ogival, pour lui donner un nom qui rappelle une forme existant avant lui, mais qu'il a su s'appro- prier par les mille applications qu'il en a faites, est plus com- plet en France que partout ailleurs, ainsi que nous venons de le dire. Dans notre pays, ces moyens de construction sont plus raisonnes, plus logiques, plus indiqués par la nature des matériaux; son ornementation est plus fine, plus élé- gante, enfin sa flore est celle de nos campagnes. En Angleterre où bien des artistes français ont dû se ren- dre après la conquête normande, l'art gothique d'abord pres- que semblable au nôtre prend de la sécheresse en se déve- loppant ; moins orné que le gothique français, il n'offre pas, comme ce dernier, cette statuaire riche, puissante et variée qui se déroule aux flancs de nos cathédrales. En Allemagne, sa marche est lente, et il ne parvient à s'y faire jour que lorsqu'en France, ayant déjà franchi la première période de son développement, il touche presque a la seconde. Pendant toute sa durée, cet art a suivi une progression identique h celle de la civilisation et du caractère des trois peuples. Avec les descendants des Gallo-Romains, il a tou- jours été supérieur, au point de vue plastique ; chez les Anglo- Saxons, il est sec, mais qu'on me passe l'expression, distin- gué, en Allemagne, il est plus lourd, moins souple, et lorsqu'il y périt, c'est dans les convulsions d'une trivialité déplorable. Mais cessons cette nomenclature, pour rechercher les en- seignements qu'il est possible d'en tirer. Quelles lumières en effet ressortent de l'étude des deux arts roman et gothique qui ont été cultivés pendant tant de siècles chez les nations occidentales, dans leur rapprochement avec tes civilisations?