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ALLOCUTION A L'ACADÉMIE. 97 emmenèrent captives les tribus d'Ispël : éclatante et nouvelle confirmation des re'cits de la Bible, qui semblaient devoir échapper a tout contrôle, et dont ces découvertes inattendues viennent attester toute la véracité. Des bords du Tigre et de l'Euphrate, M. Eichhoff nous conduit dans l'Inde, et il nous en redit les chants religieux, les lois et les poèmes. Il traduit en vers latins les passages les plus remarquable des Védas et du Ramayan, et il réussit tout a la fois a en donner l'intelligence et a en faire sentir la beauté. M. Servan de Sugny ajoute à ces travaux sur l'Orient l'ana- lyse du Kural, code de morale écrit par un Paria, que la tradition populaire a surnommé le Divin. En lisant cet ou- vrage, où la morale la plus pure se révèle sous les formes les plus gracieuses, et en le rapprochant de la condition avilie de l'auteur et des fables grossières qui altèrent son œuvre, on est frappé de ce mélange de dignité et de faiblesse, de vérités et d'erreurs entre lesquelles oscille l'homme qui, tout en interrogeant sa conscience avec sincérité, n'a d'autre guide que sa raison obscurcie par des traditions erronées. La philosophie ne tient pas dans nos Mémoires une place moins importante que la critique littéraire. Parmi les œuvres qu'elle a inspirées on remarque le Mémoire de M. Blanc St- Bonnet sur l'affaiblissement de la raison, méditation du philo- sophe attristé par les tendances de notre temps ; vaste pro- gramme où l'auteur, sans repousser aucune des études qui éclairent l'esprit et échauffent le cœur, les place dans l'ordre que leur assigne la dignité du sujet, le Créateur avant la créature, les sciences morales avant les sciences physiques. Près de ce travail se trouvent les études de M. Bouillier sur les Offices de Cicéron^ sur le Cartésianisme de Bossuet. Ces dissertations donnent une nouvelle force à la philoso- phie moderne, qui a eu le double mérite de détruire les 7