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M JEAN PAI.ERNK. bord d'un gros navire de 1,200 tonneaux, en partance pour Tripoli de Syrie , et q u e , du nom de ses patrons , l'on avait baptisé : Nava et Rosina. Pendant huit jours les vents contraires les forcèrent à louvoyer, mais au bout de ce temps une horrible tempête éclata. Le vent rompt les ancres, et lance le navire sur un rocher. Cinquante passagers , au nombre desquels nos deux pèlerins, parvinrent à descendre dans la barque, et furent jetés à terre par la force des vagues. De trois cent soixante qu'ils étaient quatre-vingts seulement échappèrent au naufrage. Paterne fait de celle tempête une description de visu ; rien n'y manque , ni les péripéties, ni l'émotion , ni le mouvement , ni la terreur. Le rivage est « bordé de corps morts et de marcha» dises. » Palerne et son compagnon retournent à Venise: là , après s'être un peu reconfortés et non moins courageux , ils s'embar- quèrent de nouveau, le 24 juin , sur un galion partant pour Alexandrie (d'Egypte); ils longent la Marche d'Ancône , la Pouille, la Calabre et débarquent à l'île de Zante, le 7 juillet, après douze jours de navigation. Le M , ils mettent à la voile , e t , chemin faisant, Palerne fait une description assez émouvante de la bataille de Lépante , qui se livra dans ces parages. Un corsaire turc , comme pour lui prouver que cette victoire n'était pas aussi décisive qu'il pouvait le supposer, leur donne la chasse, et ne consent à leur permettre de gagner le large qu'après les avoir mis dûment à rançon. Délivrés du corsaire, ils côtoient l'île de Candie , et le 20 du même mois, après vingt-trois jours de traversée, ils abordent à Alexandrie. « Le lendemain nous allasmes en terre loger aux Franctiques de France, qu'est une maison dans la ville en forme d'un monastère, séparé par petites ehambrettes, destinées pour les François qui y trafiquent. Il y en a encore d'autres pour les Vénitiens, et autres : toutefois il fault notter que toutes les nations du monde nego- cians en Levant, sur les terres du grand seigneur, sont contrainc- tes de marcher soubs la bannière de France , en payant le droit de deux pour cent an conseil, qui se tient là pour la nation Françoise , qui a pouvoir de décider des différens qui naissent