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AU XVIIIe SIÈCLE. 24 quel de ses deux sens devons-nous prendre le mot de style, pour juger la façon d'écrire d'un auteur ou d'une époque ? Nous prendrons ce mot dans sa double acception, dont les deux termes sont moins contradictoires qu'ils ne paraissent. L'artiste qui obéit sans réserve à sa fantaisie, celui qui se règle servilement sur des conventions d'école n'ont pas plus de style l'un que l'autre dans le sens général, et n'ont pas davantage un style personnel. Pour arriver à mar- quer son individualité dans le style, il faut une certaine conséquence avec soi-même que ne possèdent pas les esprits déréglés et incapables de se subordonner h ces prescriptions qui dérivent d'une notion absolue du beau, et qui consti- tuent la loi générale de l'art. L'artiste qui n'aurait aucune notion du beau absolu, du style considéré en lui-même, qui n'aurait pas le sentiment de la logique générale des formes, serait incapable de cette fixité d'idées, de cette énergie intérieure , de cette logique particulière qui engendre le style dans ce sens où l'entend Buffon. D'un autre côté, un poète assez dépourvu d'initiative personnelle pour ne faire que reproduire les formes de style consacrées comme les plus nobles, prouverait par la qu'il n'a vu dans ces formes que le côté mort et immobile, qu'il est dépourvu de la notion du beau, laquelle suppose la notion du mouvement et de la vie. Nous demanderons a la littérature du XVIIIe siècle com- ment elle a rempli ces deux conditions du style si diverses, mais toujours combinées en certaines proportions chez le véritable artiste et le véritable écrivain. Lequel a dominé au XVIIIe siècle de ces deux éléments du style? de celui qui dérive de la notion du beau absolu, de la raison uni- verselle, ou de celui qui a son principe dans l'énergie de l'individu, dans la force de la logique personnelle, dans le caractère, en un mot? Le XVIIIe siècle, époque de liberté de penser, où chacun