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0 31 MAI 1856. Non ce Rhône, limpide et pur, Qui baigne, de ses flots d'azur, La riante vallée et la plaine féconde, Le pré vert et la moisson blonde ; Mais ce Rhône, fameux par ses débordements, Ce terrible géant, aux mains de Briarée, Qui poursuit la ville éplorée Dans ses derniers retranchements, Qui la presse, ô lugubre drame ! Qui se vautre sur elle et la souille, l'infâme, De ses hideux embrassements ! Un fleuve dans sa furie. Est le pire des fléaux : L'homme apaise l'incendie, Dieu seul apaise les flots. Ce Rhône, aux ondes mutines, Au convulsif tourbillon, Nous fera plus de ruines Que le marteau de Couthon. Que de digues renversées D'un rapide et rude choc ! Que de solides chaussées Qui s'écroulent tout d'un bloc ! Voyez ! l'eau monte, elle touche, Et lèche et ronge à son gré, La muraille qui se couche Sur le talus effondré. Voyez ! les ponts disparaissent, Entraînés par le courant. Voyez ! les maisons s'affaissent Au sein du gouffre béant. Qui sait combien de victimes, D'hommes, d'enfants, de vieillards, Ces vertigineux abîmes Dévorent de toutes parts !