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ALEXIS CR0GNARD. 425 M. Grognard avait deux frères aînés et une sœur plus jeune ; Benoît, l'aîné de tous, fut officier, ingénieur, géographe de la marine. François, le second, fut, dans sa jeunesse, associé dans le commerce de M. Pernon, de Lyon ; et, voyageant dans les cours émmgères, il avait obtenu des lettres de noblesse et le titre de conseiller de commerce du roi de Pologne. S'étant retiré des affaires, lors de la révolution de 92, il demeura sans emploi jus- qu'à l'époque de l'Empire, où il fut nommé inspecteur du mo- bilier de la couronne, fonction qu'il conserva jusqu'à sa mort, arrivée en 1823. Il institua son frère Alexis légataire universel de tous ses biens, à la charge d'acquitter plusieurs legs impor- tants, dont un à la ville de Lyon de quatre mille cinq cents francs de rente perpétuelle pour l'exécution du portrait, en marbre ou en peinture, des Lyonnais dignes de mémoire, et pour plusieurs prix d'encouragement aux arts ; plus, les dessins des sept Sacre- ments, du Poussin, qui ont été gravés par Pêne ; enfin, d'autres legs à différentes personnes. M. Grognard, après avoir rempli les volontés "de son frère, se trouva possesseur d'une fortune qui lui procura les moyens de se reposer sans inquiétude sur son avenir. Il n'en continua pas moins de vivre sans luxe et sans ostentation : ayant éprouvé quelque désagrément à l'Ecole des Beaux-Arts, il donna sa démission ; et, comme il avait rempli les fonctions de professeur pendant plus de quarante ans, il obtint une pension de retraite : depuis lors, sa vie s'écoula dans un calme parfait. Jouissant, malgré son grand âge, de toutes ses facultés morales et physiques, entouré de l'estime et de la bienveillance de tout le monde, il vécut paisiblement jusqu'en 1840. Cependant, il avait, depuis longtemps, une sorte de maladie, ou plutôt d'infirmité, sur laquelle, par une extrême pudeur, il attendit trop tard pour consulter un médecin. Celui-ci pensa devoir lui faire une opé- ration délicate qui, tout en le soulageant, ne prolongea pas ses jours ; car, il expira le surlendemain, sans douleur et sans ago- nie, à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. Sa mort, causée par les années, bien plus que par la maladie, fut celle du chrétien dont la conscience est pure. FLEURY RICHARD.